Les parts des producteurs locaux dans le marché national des médicaments restent toujours très basses par rapport à celles des importateurs, nous a indiqué hier M. Chebila, représentant du Syndicat algérien des industriels pharmaceutiques (SAIP). Les industriels pharmaceutiques algériens ne détiennent en effet qu'environ 28% du marché national. La production locale est confrontée à toutes sortes de problèmes qui l'empêchent d'évoluer, a relevé M. Chebila. Cette situation a laissé un vide que l'importation n'a pas manqué d'occuper. D'ailleurs, tandis qu'on constate une lente progression de l'industrie pharmaceutique algérienne, les importations, elles, enregistrent une tendance haussière depuis quelques années. Rien que pour le premier semestre 2007, les importations algériennes de médicaments sont, par rapport à la même période de 2006, passées de 632,09 millions de dollars à 652,94 millions de dollars, selon les données du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des Douanes algériennes. L'on s'achemine vers le même cas que l'exercice précédent où les importations de médicaments avaient atteint 1,18 milliard de dollars contre 1,05 milliard de dollars en 2005. Pour lui, le gouvernement devrait aller plus loin en bloquant l'importation de certains produits, du moment que l'industrie locale peut en couvrir les besoins. « Il y a deux ans, l'Algérie a supprimé l'importation de 126 produits et nous avions réussi à prendre le relais », a-t-il confié. Il plaide également pour l'incitation des pharmaciens à privilégier le générique. Une telle mesure permettrait aux laboratoires locaux d'avoir plus de débouchés. Certaines entreprises nationales ne sont opérationnelles qu'à hauteur de 30% de leurs capacités, car elles ne souhaitent pas « se retrouver avec leur production sur les bras », signale notre interlocuteur. Amar Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop), estime pour sa part que l'entrée en vigueur du tarif de référence n'a pas été bénéfique à l'industrie pharmaceutique nationale. Il impute cet état de fait à l'absence de coordination et de concertation entre les différents acteurs du marché du médicament. Le ministère de la Santé ne prend pas en compte le tarif de référence établi par le ministère du Travail pour l'homologation et l'enregistrement des médicaments. La facture de l'importation de ces produits ira crescendo, a-t-il soutenu, tant qu'il n'existe pas une véritable politique du médicament élaborée en association avec les professionnels, dont les fabricants, les importateurs, les pharmaciens et le corps médical. Ces deux dernières corporations doivent être particulièrement sensibilisées, a-t-il avancé. Pour les pharmaciens, M. Ziad considère qu'il est impératif d'élaborer une grille des marges bénéficiaires qui favorise le générique produit localement. Il est tout autant important, d'après lui, de faire en sorte à ce que les médecins prescrivent ce genre de médicaments. Pour M. Ziad, les importateurs ne respectent pas le tarif de référence et importent des médicaments, génériques ou princeps, plus chers. Aussi, il insiste sur l'importance de l'instauration d'un tarif de référence à l'entrée du territoire national pour les médicaments importés. M. Ziad met en garde quant à l'avenir de l'industrie nationale qui, selon lui, a stagné en l'absence de mesures qui vont dans le sens de son développement. L'affaiblissement de celle-ci est inévitable et sera à l'origine de la fermeture de plusieurs entreprises et la perte de centaines d'emplois, a-t-il averti. D'après lui, la politique actuelle ouvre la brèche à l'importation et par ricochet à ce qu'il qualifie d'« hémorragie de devises ». La cinquantaine de producteurs locaux arrive difficilement à maintenir le cap, a-t-il indiqué.