Le Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP) a fait siennes les nouvelles orientations des pouvoirs publics, qui accordent la priorité à la production nationale, pour soumettre une charte dédiée au fabricant local de médicaments. Cette charte constitue, selon le SAIP, l'assise du début d'une véritable politique de l'industrie pharmaceutique algérienne. Ce document se veut en fait un “trépied”, composé de trois axes principaux. Le premier a trait à l'enregistrement des médicaments locaux. À ce propos, le syndicat considère qu'il est important de mettre en place un couloir vert pour les fabricants locaux de façon à leur donner la priorité dans l'enregistrement des médicaments. Il est aussi judicieux, indique le SAIP, de “saisir l'occasion de l'enregistrement d'un nouveau médicament fabriqué localement pour prendre les mesures d'accompagnement permettant la substitution du produit importé par celui produit en Algérie”. Cette organisation estime qu'il est nécessaire de ramener également les délais d'enregistrement de 4 à 1 mois pour le médicament à fabriquer localement. “C'est tout l'intérêt de substituer rapidement le produit importé par celui fabriqué localement”, souligne-t-on. Le second axe concerne le remboursement des médicaments issus de la production nationale. Ainsi, depuis l'établissement de la première liste des médicaments locaux non remboursés, suivant l'arrêté interministériel du 19 janvier 1998, les fabricants ont toujours dénoncé les différentes mesures (listes) qui ont exclu les produits pharmaceutiques locaux du remboursement. Celles-ci ont apporté des “coups fatals à tous les producteurs nationaux, que ce soit Saidal ou les autres laboratoires locaux”, déplorent les membres du SAIP. Ce type de décision a retardé, avouent-ils, la production nationale en comparaison avec les autres pays voisins, tels que le Maroc et la Tunisie qui ont toujours privilégié la production locale à l'importation. “À chaque fois qu'une liste de médicaments non concernée par le remboursement est établie, les producteurs locaux appréhendent et regrettent la confiance qu'ils ont accordée à l'incitation des pouvoirs publics à investir dans ce créneau. Ce créneau est accaparé par les laboratoires activant à l'étranger”, précisent les adhérents du SAIP. Ils regrettent de ce fait les efforts consentis par les investisseurs pour le transfert de technologie dans notre pays, l'acquisition d'équipements de production et d'analyse et de création d'emplois. Pire encore, ils déplorent le fait que des médicaments essentiels fabriqués en Algérie ne soient pas remboursés par la Sécurité sociale. Devant un tel constat, le SAIP demande à ce que le produit pharmaceutique local soit remboursé afin de booster la production nationale et convaincre les laboratoires étrangers à faire confiance à la politique du médicament en Algérie en les incitant à investir davantage dans ce créneau. Le troisième axe évoqué par le SAIP traite du tarif de référence qu'il qualifie de “mécanisme qui ne peut qu'avantager la production locale par rapport à l'importation dans le cas où ce système serait appliqué uniquement pour le médicament produit fini importé pour la revente en l'état”. Or, il a été souvent signifié aux investisseurs qu'aucune différence ne sera prise en compte entre le produit local et le produit fini importé. Pourtant, relève le SAIP, tout différencie un médicament fabriqué par un laboratoire international et celui d'une petite structure (laboratoire) local en cours de création. Il cite l'exemple du coût d'un médicament fabriqué par un laboratoire international qui revient moins cher puisqu'il est produit en grandes quantités et à l'aide d'équipements hypersophistiqués. “Le tarif de référence a appauvri la production locale alors que l'enveloppe d'importation avait continué à augmenter inexorablement”, constatent les opérateurs affiliés au SAIP qui revendiquent l'application du tarif de référence pour le produit fini importé tout en excluant de son champ la production locale.