Les ministres des Affaires étrangères des cinq pays d'Arctique se sont rencontrés lundi au Québec pour tenter de renforcer la coopération dans cette immense région, théâtre de rivalités et de tensions à propos de l'exploitation potentielle de ses richesses naturelles. Le Canada, le Danemark, les Etats-Unis, la Norvège et la Russie vont chercher à renforcer la coopération dans cette immense région, théâtre de rivalités et de tensions à propos de l'exploitation potentielle de ses richesses naturelles. "Il est important que nous dressions maintenant des plans pour l'avenir", a déclaré à quelques jours de la réunion le chef de la diplomatie canadienne Lawrence Cannon. "Les pays riverains de l'océan Arctique ont une chance unique de fixer un calendrier pour une gestion raisonnable de la région". Chacun des cinq pays arctiques a des revendications empiétant sur le territoire d'un autre, dans une région qui pourrait receler des réserves de 90 milliards de barils de pétrole, selon des estimations. En 2008, ils ont pris l'engagement de chercher à éviter les conflits territoriaux et de concilier leurs intérêts économiques avec la préservation d'une écologie fragile. Mais en même temps, ils ont fait un effort marqué pour développer leur potentiel militaire dans la région, a révélé l'étude d'un chercheur canadien, Robert Huebert du Centre d'études militaires et stratégiques de l'Université de Calgary. Au total, selon ses calculs, les cinq pays ont décidé la construction de 66 bâtiments - vedettes, brise-glaces ou sous-marins - pouvant être utilisés pour des opérations militaires en Arctique. Le Canada a annoncé la création d'un port militaire et d'un camp d'entraînement au combat hivernal et a accru ses capacités de surveillance dans le Grand Nord. Cependant, M. Cannon insiste sur l'esprit de coopération qui prévaut entre les cinq participants. En effet, les géologues américains et canadiens travaillent ensemble pour traces des cartes de fonds marins. La Russie et le Canada mettent au point des procédures de recherche et de secours en mer, et les militaires danois prévoient des exercices communs avec les Canadiens. D'un autre côté, le président russe Dmitri Medvedev a affirmé il y a quelques semaines que certains pays arctiques - qu'il n'a pas précisés - cherchaient à évincer le sien de la course à l'exploration des ressources de la région. Enfin, plusieurs organisations non gouvernementales, tels Indigenous Environmental Network présent aux Etats-Unis et au Canada, le Conseil des Canadiens, et le réseau écologiste indigène d'Alaska REDOIL, ont publié une lettre ouverte demandant un moratoire sur toute exploration de carburants fossiles en Arctique. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer stipule que tout pays riverain peut revendiquer les fonds marins jusqu'à 200 milles marins de ses côtes et exploiter les richesses qu'ils recèlent. Cette zone peut être portée jusqu'à 350 milles s'il est scientifiquement prouvé que le plateau continental est un prolongement naturel de leur territoire.