« La conviction est l'ennemie de la vérité… Comme le mensonge ! » Ainsi parlait Nietzsche Les histoires récurrentes de la pomme de terre, entre autres légumes, et celle du lait en poudre sont devenues, par la force des esquives et convictions, des uns et des autres… lassantes. Dépassées. Elles ne constituent plus les sujets d'actualité, malgré les soucis manifestés, au quotidien, par les petites bourses qui vont être inondées, paraît-il, aux prochains jours, par ce fruit de terre… d'importation.. Bien que la solution durable se trouve ici, dans nos terroirs. Inévitablement. La hausse des prix de certains légumes de saison et d'autres produits alimentaires, à la veille du mois de carême, ainsi que les « magouilles concessionnaires » rapportées par la presse annoncent, hélas, d'autres péripéties sordides. (1) Durant les six dernières années et d'après les statistiques, controversées d'ailleurs, le secteur agro-rural aurait réalisé une croissance agricole appréciable, ainsi qu'une mise en valeur des terres, par le biais du concessionnaire, jugée performante, assue-t-on. Cependant, la campagne agricole 2006/2007 dans son ensemble est considérée, par certains observateurs et responsables du secteur, comme « anormale » en matière de climatologie (2). Pourtant, au cours des années précédentes, on avait constaté des facteurs limitant de cet ordre et bien d'autres aléas. Par conséquent, il doit exister certainement d'autres causes, conjoncturelle et structurelle, liées à la stratégie agricole dans son ensemble. Des conjonctures Il convient de remonter le temps pour situer le point de départ de la stratégie nationale agricole et rurale décennale, tracée par le secteur dès l'an 2000/2001 (jusqu'aux horizons 2013). On était vraiment dans une conjoncture difficile, désespérée. Le monde agrorural était disloqué, désorienté. Il fallait y remédier rapidement, coûte que coûte. Dans ce contexte, le secteur s'est fixé des objectifs principaux, résumés en quelques lignes : l'amélioration de la production agricole afin d'atténuer la dépendance alimentaire d'une part et la revitalisation des espaces ruraux pour la fixation des populations, devenues enclines à les abandonner, pour des raisons de sous-développement socio-économique et de sécurité multiforme, d'autre part. Le tout, combiné entre une foultitude d'intervenants et de participants, mentalement non restructurés dans ce sens, s'entrechoquant fréquemment et se sont retrouvés, du jour au lendemain, des « managers » confrontés à des besoins souvent, « calculés » d'avance, englués ainsi dans les embrouillaminis opportunistes, corporatistes et de clientèles avérées qui ont fait imploser par des improvisations, en tous genres, la stratégie enclenchée à coups… de milliers de milliards de dinars. Hélas, celle-ci sort à mi-parcours, profondément châtrée, désarticulée. En effet, le cadre logique, des montages technico-financiers des programmes « canevassés » selon les convenances liées à des prospections souvent bâclées en… copier coller, pour des motifs de « proximités prestataires » ont démontré leurs failles et autres déviations tentaculaires, potentiellement néfastes, à plus d'un titre. Plusieurs indicateurs le confirment quotidiennement. Il faut, désormais, boire le vin jusqu'à la lie, dit-on, en œnologie ratée. Un calvaire. Mais aussi, espérons-le, une expérience instructive à plus d'un titre, pour l'avenir. Une restructuration réfléchie, féconde, pour des lendemains assainis Les points de vue, ci-dessus, succinctement développés, n'expliquent pas, bien évidemment, tout le processus ayant mené à cette situation non désespérée et aisément remédiable. Par contre, ce qui l'est, c'est de persévérer dans le chenal des embrouillaminis et autres faux-fuyants, hélas, superflus. Donc, l'essentiel serait d'initier sereinement une refonte des approches liées à des objectifs basés sur des idées claires, éloignés des euphories conjoncturelles et des convictions autosuggérées. Il faudrait d'abord mettre en exergue les réalités fondamentales de cette situation, afin de côtoyer le rationnel. Celui-ci exige qu'une concertation professionnelle extraordinaire, élargie à l'ensemble des représentants honnêtes et lucides, de la société agrorurale, des agents économiques liés, des esprits imaginatifs… devrait se tenir nécessairement. Celle-ci durera tout le temps qu'il faut afin de tracer une feuille de route d'urgence, constituée par de nouveaux repères stratégiques et structures d'intervention technico-financières pertinentes, recentrées, perspicaces et efficaces. Cela en faisant fi des remarques que cette nouvelle approche pourrait engendrer en termes de « remise en cause » des convictions et autres principes stratégiques assortis à ce jour qui, malheureusement, ont montré leurs limites organisationnelles et fonctionnelles. Ainsi, il est devenu manifeste que le changement de la politique agricole en cours devient une nécessité pour qu'elle puisse se débarrasser, enfin, des pesanteurs entêtées et… intéressées qui l'assiègent. Un non-sens qui n'a que trop duré. En effet, il suffirait de quelques bonnes volontés, libérées des anciens réflexes immobilistes, disséminant à tous vents les soutiens financiers, et établissant machinalement des bilans « canevassés », peuvent un tant soit peu mettre fin aux méfaits des maquilleurs chapeautés par des magouilleurs. Des expériences éprouvées ont démontré que d'une poignée de sincérités interconnectées de la base jusqu'au sommet d'une stratégie du genre, peut jaillir des miracles. A ce niveau moral ainsi atteint, la cible visée devrait se cercler autour des produits, dits de première nécessité, stratégiques. Ceux qui représentent les 2/3 de calories, dont on a besoin quotidiennement et qu'on importe de plus en plus (céréales, lait, légumes de base) (3). Ceux qui sont ancrés dans notre culture, nos us et coutumes alimentaires liés aux terroirs et, surtout, qui nous coûtent des milliards de dollars chaque année. Un boulet grossissant à vue d'œil, envahissant. Une vérité cristalline. L'Antigangrène idéal de l'esprit rentier Les agriculteurs honnêtes ont besoin de vérités afin de s'assurer que la « stratégie sectorielle » peut bien, tant qu'il est encore temps, rectifier le tir pour le reste du parcours de celle-ci. Et cela par des non passe-droits, judicieusement propagés dans les esprits liés à de la rigueur intelligente, instaurant dans la durée un climat de sérieux collectif au plan des concepts, des méthodes d'approches et de probités de ceux des interventions à tous les niveaux. Une stratégie transparente pour faire imploser les nuisances clientèles, intensément confiante dans ses ressorts pour stimuler l'engouement des bonnes volontés agrorurales, et persévérante dans sa trajectoire pour mieux persévérer dans les priorités. Le tout, comme l'effet d'une boule de neige. En agriculture, notamment, ainsi que pour d'autres choses de la vie en général, la démagogie filleule préférée du mensonge est le mildiou, des relations et bonnes volontés humaines liées à l'acte agricole, qui est d'essence mythique, divin même. Le gain facile, l'enrichissement rapide et donc illicite sont les fléaux redoutables dénaturant le noble geste agrorural. Nombre de pays éclairés proscrivent depuis des lustres cet état d'esprit clientèle, car ils considèrent que la terre a besoin de gens passionnés par le travail et non obnubilés par de l'argent non assumé. En effet, l'approche de la stratégie en question, malgré ses relatifs acquis, fut un véritable chant de sirène, attirant irrésistiblement les adeptes de la « voyoucratie politique et économique ». Comme des essaims de mouches et autres cohortes de fourmis. En revanche, imaginer des nouvelles méthodes acérées d'application des programmes et de leur suivi d'évaluation, par des indicateurs transparents médiatiquement, dans la durée, permettraient de diminuer progressivement la propagation gangreneuse intergénérationnelle. (4) Sous un autre angle rapprochant, l'idée lancée par le Conseil national économique et social (Cnes), conceptualisée en, « L'économie fondée sur la connaissance », objet d'un symposium prévu au mois de septembre prochain, participe indéniablement au renforcement des approches guidées par la rationalité des prospections des opportunités de terrain, liées à la bonne connaissance des capacités naturelles et humaines en présence, ainsi que des prospectives liées.(5) En management, il est exigé, en effet, entre autres, l'éthique et la maturité de l'esprit professionnel. Le pays est victime, hélas, du mauvais choix de certains gestionnaires dans tous les domaines de la vie nationale. Que des « managements » d'arrangements. Un mal terrible. « Le mal est profond, le remède est inefficace », reprenait un brave vieil homme du secteur agro-forestier, incriminé injustement et mis en prison illégalement, sans procès, pendant de longs mois dans les années 1970, pour une histoire de dissipation de 15 kg… de grains de pin d'Alep ou zguigou.(6) Que des absurdités ridicules par rapport aux actuelles « étourderies » politico-économiques, gaspillant et détournant des milliers de milliards de dinars par le biais de projets alibis, aux impacts limités aux apparats, et pour des résultats socioéconomiques mitigés sinon nuls, d'une part, ainsi que d'autres « inadvertances » de gouvernance, faisant des milliers de morts à Boumerdès et ailleurs, d'autres part. Le tout contre vents et marées. Jusqu'à quand ? Malgré tout, continuons de secouer énergiquement le « cocotier des fruits avariés », par l'écrit perçant lié aux vérités établies et aux limites constitutionnelles et civiques permises, sans préconçus et encore moins accabler les « allongés » d'un système souvent, hélas, dépassé par les monnayeurs et régulateurs des flux politiques et économiques. L'ironie du sort est que ces « godets de la noria », déglingués inopinément du système tournant sur lui-même, sont stigmatisés par les grincements scéniques des autres timbales, encore pivotantes, mais sont incapables pour la plupart, elles aussi, de « tourner » honnêtement et honorablement autour du système. Jusqu'à quand ?... Le remède est issu du mal lui-même. Comme le vaccin antirabique, confirme-t-on ! Il suffit d'imaginer les éléments constitutifs appropriés de celui correspondant au virus en question. L'incubation du mal pourrait durer longtemps. Cela dépendra du corps… et de son système immunitaire. En d'autres termes, de la culture des gouvernants, soucieux d'être, un jour, comptables devant Dieu, leurs enfants… et leur conscience, de leurs derniers jours, mois, années de vie. Des moments de purgatoire, avant l'heure promise… Un pouvoir politique aspirant de s'inscrire dans le sens immaculé de l'Histoire est celui qui laisse, derrière lui, une société immunisée, dans sa majorité, contre les maux de l'injustice sociale et les dépravations engendrées, par l'excès rentier, malgré ses autres bienfaits. C'est justement notre cas. Les martyrs de la libération du pays du joug colonial, dont on vient de fêter le 45e anniversaire d'indépendance, ont réussi – à leur manière – à affronter et de faire imploser toutes les dépendances contraignantes. Tout un legs purifié des impuretés morales. (7) Mais hélas, reconstituées au fil du temps, sournoisement, par d'autres frénésies égocentriques et faux fuyants maladifs. Immoraux… ! Notes de renvoi : 1) Des informations rapportées par El Watan du lundi 23 juillet 2007, page 4 et celles des jours suivants, laissent entendre qu'une scabreuse affaire de combine agrofinancière est en voie d'instruction judiciaire. Une de plus. 2) A ce sujet, voir notre article intitulé : « Une campagne agricole anormale ? » paru au Quotidien d'Oran du 23 juin 2007. 3) Voir nos articles parus au Quotidien d'Oran, respectivement : « Des bassins laitiers, est-ce possible sous nos climats ? » du 29 mars 2007 et El Watan 31 mars et 1er avril 2007. « Imaginer le savoir » du 12 avril 2007. « Ruralisme et paysannerie, que de sentiers battus ? »… 4) Voir notre article : « Le développement rural, concepts et réalités », paru au Quotidien d'Oran du 27 février 2007, où il a été proposé une inspection générale des travaux, à l'image de celle des finances. 5) Rapportée en exclusivité par le Quotidien d'Oran du 18 juillet 2006 6) Ce brave homme, diplômé dans les années 1930, de l'Ecole horticole du Jardin d'essai d'Alger, a fait l'objet d'une large évocation dédiée à sa mémoire, à l'occasion de la commémoration du 8 mai 45, dont il fut un acteur ardent, en militaire sous-officier… « français », mutin contre les massacres en Algérie, et le manifestait… en Europe, a la tête de 300 tirailleurs algériens. Hommage paru à El Watan du 6 mai 2007. 7) Pendant la Révolution armée, au cours d'une nuit, un groupe de combattants exténués fit une halte dans la demeure d'un paysan aisé du Hodna. Chacun voulait manger son plat préféré. Leur hôte s'inclina devant les désirs des uns et des autres. Après un bon moment, deux hommes leur présentent un grand plat garni de préparations culinaires demandées ; une « djefna », désigne-t-on. Surpris, chaque convive réclama son plat, alors le paysan répondit à chacun d'entre eux : « Ça se trouve à l'intérieur de la djefna ! » Les aliments étaient tous issus de la ferme. Toute une indépendance alimentaire et morale totale. Evidemment, les tempéraments et le mode de vie des gens ont changé. Profondément. La moralité de l'histoire, justement, est : qu'ils ont très négativement changé. Pour d'autre « djefna »… ! Aux dépens des générations montantes. Un piège terrible.