La chanteuse algérienne originaire de Skikda, Amel Wahby, celle qui fut révélée par le tube El Khiala (in l'album Baâd Ghiba) amorce un retour remarqué avec un cinquième album intitulé tout simplement Amel Wahby. Un nouvel opus canonique, mature, galvanisé, fusionnel, personnel et personnalisé. Interview-espéranto ! Vous revenez avec un nouvel album éponyme Amel wahby qui est à compte-d'auteur et qui vous a pris deux ans de préparation... Oui, absolument ! Un album qui aura pris deux ans et demi de préparation. Un album laborieux de l'écriture à la composition, en passant par la recherche des arrangements et autres collaborations. Un opus où j'ai co-composé avec Medhet El Khouli, enregistré des sons en Algérie et en Egypte C'est un album autonome. Un défi, un risque, une aventure par analogie aux majors (maisons de disques)... C'est un album autonome que j'ai produit moi-même. C'est toujours une aventure. Sauf que moi, je suis quelqu'un d'assez professionnel. Donc, hasardeux. En fait, je calcule mes risques. Par exemple, je savais que cela allait me prendre beaucoup de temps. Alors, j'ai pris le temps qu'il fallait pour avoir les moyens adéquats, les idées, le travail de vraie recherche... Et ce, pour pouvoir évoluer dans le bon sens artistique de ma carrière. Une forme d'affranchissement... Vous savez, je suis une révoltée. Je n'ai pas quitté l'Egypte sur un coup de tête. Au contraire ! C'est pour plusieurs raisons. C'est qu'en Egypte, il existe un monopole total (sur les artistes). Je ne suis pas contre le fait qu'on doit une fidélité à sa maison de disques qui vous a signé et produit. Mais, on ne passe que sur sa chaîne de télévision, sa radio. Les producteurs sont arrivés à nous choisir les chansons, les compositeurs et les paroliers. Là, c'est trop, et cela va trop loin ! C'est pour ça que tout le monde (les chanteurs) se ressemble un petit peu. Du clonage, quoi ! Ce sont des groupes hermétiques aux autres. Et ce n'est pas sain (moch sahi, en arabe). Vous avez voulu personnaliser, voire algérianiser votre musique par rapport à la jeel-music (pop égyptienne)... C'est aussi une autre raison de mon départ d'Egypte. Il se trouve qu'Amel Wahby est algérienne (rires). Je voulais me rapprocher de mon pays. C'est mon droit ! J'ai été sollicitée par mon public. A chaque fois, les gens dehors me demandaient quand je chanterais algérien. J'ai senti cette frustration. Aussi, j'ai réalisé cet album avec beaucoup de plaisir. Justement, cette empreinte algérienne et fusionnelle avec du R'nb, rap, chaâbi, gnaoui, variétés françaises, charqui, dance est perceptible... Oui, j'interprète mes chansons en algérien. J'ai un featuring (collaboration) avec un rappeur, deux titres typiquement en français. J'ai fait un album qui me ressemble. J'ai un côté arabe-algérien et un autre très occidental et français dans la conception musicale. En Egypte, on me qualifiait de chanteuse algérienne interprétant le style charqui. Ici, en Algérie, j'étais la chanteuse orientale. Et puis, je ne correspond pas au « canon » de la vraie chanteuse orientale. On sent qu'Amel Wahby est l'album de la maturité... Avec ce nouvel album, je recadre les choses. C'est très important dans la carrière d'un artiste que d'évoluer tout seul et de s'exprimer librement. La première fois où j'ai voulu chanter, c'était pour m'extérioriser. Je l'ai toujours dit. J'aime me manifester dans la dérision comme aussi dans les sujets sérieux. L'art est humain. Il n'est ni noir ni blanc. Il est les deux. Vous-vous êtes mise à l'écriture et à la composition pour ce nouvel opus... J'étais obligée. C'est simple ! C'est comme si j'allais inviter des gens chez-moi. Alors, il fallait que je leur « mijote » un bon plat succulent avec une recette personnelle, relevée par des ingrédients très fins, flattant leur palais. Donc, je me suis mise à la composition avec Medhet El Khouli pour l'aider dans cette direction orchestrale et musicale algérienne. J'ai écrit ce que je ressentais. Par analogie, j'ai découvert qu'Amel Bent écrivait et décrivait ses sentiments. Il y a Diam's qui lui a écrit des chansons. Elles parlent d'elles-mêmes. Pour vous dire, j'ai toujours écrit en français. Et là, je me suis mise à l'écriture algérienne. Et ce, pour déterminer en général mon style musical. J'aime la précision des mots et des thèmes et la simplicité de la façon de dire les choses, et, en même temps, d'exprimer une certaine profondeur. Vos chansons sont autobiographiques... Oui, avec le titre Amel Wahby. J'y ai raconté mon parcours de chanteuse, mes remerciements à mon public qui m'a soutenu, tout en leur disant que je n'ai pas changé et que je ne changerai jamais. Je ne suis pas quelqu'un qui a la tête qui enfle. Sur le titre Skett (Je me suis tue) aussi... Oui, il y a eu beaucoup de méchanceté qui ont été dites sur moi en tant que femme et en tant qu'artiste. On a même dit que je n'avais pas de voix et que j'étais une « pistonnée ». Alors que je n'ai pas réussi, ici, en Algérie. Ma voix on la connaît. Je ne comprends pas, jusqu'à aujourd'hui, qu'on mette encore en doute ma voix. Je chante partout a cappella. Sur le plan personnel, on m'a prêté beaucoup de choses. On m'a mêlée à l'affaire Khalifa, alors que n'étais pas impliquée ni de près ni de loin. J'avais un contrat qu'il (Khalifa) n'a pas honoré. Tout cela a été réglé devant la justice. C'était une manipulation générale. Donc, voilà, il fallait que j'en parle à ma façon. Je n'ai rien à cacher. J'ai une vie très modeste contrairement à ce que l'on pense. Je chante encore aujourd'hui, parce que j'ai commencé par un tout petit rêve. Celui d'évoluer sur scène. Si on m'ôte ce rêve, c'est la mort. Vous êtes combative, une écorchée vive... Vous savez pourquoi ? Parce que je suis quelqu'un de très réaliste. La vie ne m'a jamais rien donné. J'ai toujours appris que le travail dur est une valeur cardinale, cela porte immanquablement ses fruits et le succès. Je ne faiblis pas. Je suis obligée de continuer, parce qu'il y a des gens qui croient en moi. Si vous n'avancez pas, vous reculez. Donc, j'avance ! La chanson Ensemble est un titre utile et un hymne humanitaire... Oui, je suis une personne qui s'engage jusqu'au bout quand il s'agit de cause humanitaire et juste. Sans prétention aucune, depuis cinq ans, je suis marraine active de SOS Village Enfants. A chaque nouvel album, la moindre des choses est d'associer cette association caritative. Mon but est de leur faire de la « pub », en incitant les gens à faire des dons d'argent. Une forme d'encourager toutes ces associations de bienfaisance. Ils sont nombreux ces anonymes qui œuvrent dans l'ombre, pour le bien de leur prochain. Moi, je leur dis : merci beaucoup pour ce que vous faites ! Devant eux, je ne suis rien. Vous n'avez pas donné de concerts en Algérie depuis longtemps... J'attends qu'on m'invite pour des spectacles. J'essaie d'organiser une tournée en Algérie avec un partenaire (sponsor) pour l'année 2008, comme je l'ai fait en 2002 dans les petites et grandes villes. L'objectif est à hauteur de 15 dates de concerts. Vous savez, je n'ai jamais chanté à Annaba, à Oran... Cela devient un rêve. Faire la promotion de l'album et me rapprocher de mon public. Vous avez joué dans la série Babor D'zaïr... Mon expérience dans Babor D'zaïr a été un naufrage. tout le monde a coulé (rires). Cependant, j'ai toujours rêvé de jouer dans un film. Là, j'ai signé la musique du générique du feuilleton Mawiid Maâ El Kadar réalisé par Djaâfar Gacem et qui sera diffusé inch'allah au mois du Ramadhan. Pour cela, j'ai travaillé avec Djaâfar Gacem, six mois avant la réalisation de ce feuilleton. J'ai été bluffée par ce jeune réalisateur de grand talent et au professionnalisme exemplaire. Pour l'anecdote, j'ai eu un petit rôle de gynécologue (rires). J'espère que cela plaira. Qu'est-ce qui vous horripile ? La médiocrité et la bêtise humaine qui sont la cause de la régression du monde arabe. Ce qui se passe en Irak et en Palestine est la résultante de notre médiocrité. Qu'est-ce qui vous donne de l'espoir, Amel ? Ce sont les nouveaux-nés que je vois dans la rue. Il y a un proverbe chinois que j'aime beaucoup qui dit : « tant qu'il y aura des bébés, c'est que Dieu n'a pas encore désespéré de la race humaine. » Il y a encore de l'espoir en Algérie. Il faut croire aux métiers et les compétences, en la liberté d'expression qui est un postulat chez l'Algérien. On est un pays des plus libres dans le monde arabe. On peut dire ce que personne n'ose dire ailleurs. Il n'y a pas d'amour, mais des preuves d'amour pour l'Algérie. Vous portez-bien votre prénom... Amel, c'est toujours l'espoir qui fait vivre et revivre ! (rires) En fait, Amel Wahby est très naturelle mais pas du tout sophistiquée.. (Rires). Merci ! Je ne suis pas sophistiquée. On veut me coller cela. Mais quand on me rencontre, on me dit : mais vous êtes accessible, simple et proche des gens. Et puis, je suis sincère ! Amel Wahby hia. Amel Wahby/ Amel Wahby 1 CD ( juillet 2007) Belda Diffusion Site officiel : www.amelwahby.com Discographie : Rabiaâ Sana (1997) Baâd Ghiba (1998 Mich Baghamer (2000) Chocolata (2003)