La star semble se prêter avec plaisir au jeu des questions, il devise en toute décontraction avec les journalistes. « D'abord, je souhaite la bienvenue à tous. Il y a de nouvelles têtes et ça fait plaisir de voir ce parterre de jeunes. Surtout, ne me posez pas de questions qui risquent de me faire blesser les autres, je n'ai pas envie de me faire d'ennemis chez les organisateurs. Donc, des questions superficielles, s'il vous plaît ! Vous savez que j'ai la langue pendue », commence-t-il jovialement. Pensez-vous que la chanson algérienne joue son rôle en ce moment ? D'où émane la chanson algérienne ? La chanson algérienne sort des bars et des discothèques. Là, elle joue son rôle, et pleinement. L'image du chanteur algérien dans notre société est celle d'un paria, d'un raté. Quelques rares artistes du rap, du hawzi ou du chaâbi sont en train de lutter pour redorer le blason terni de l'artiste algérien. Vous avez atteint la maturité. Regrettez-vous certains de vos titres, Cavia, par exemple ? Cette chanson date de quelques années. Ce que je ressens n'est pas du regret. Au début de ma carrière, certaines chansons étaient des blagues entre copains. Maintenant avec l'âge et l'expérience, on constate que l'on est écouté partout dans le pays et notre message a une longue portée, on fait plus attention. Nous avons un devoir d'éducation. Votre musique a-t-elle des répercussions ailleurs qu'en Algérie, dans le monde arabe ? Beaucoup de pays arabes nous envient notre « liberté d'expression » et notre relative démocratie. Les sujets traités, politiques ou scientifiques, par les rappeurs algériens ont une influence positive dans les pays voisins d'abord Maroc, Tunisie. Des rappeurs des pays arabes, comme le Koweït ou même l'Arabie Saoudite, pratiquent le rap avec conviction. Pensez-vous avoir apporté quelque chose à la chanson algérienne ? El Hamdoullah, je pense avoir contribué dans la chanson, surtout au niveau des messages, pas de la musique. Quelle différence entre Djemila 2006 (où vous étiez invité d'honneur) et Djemila 2007 ? Ne me provoquez pas. Le contenu du sandwich de l'ONCI a changé. D'abord, quel est l'objectif de cette manifestation ? Si on regarde le budget qu'on lui a alloué, on peut faire des activités durant une année dans la région. Sans ce festival et après ce festival, la région sera mise aux oubliettes. Je suis venu à cause de la population de la région. Je chante pour la première fois devant le public sétifien, je sais qu'il m'apprécie beaucoup et c'est réciproque. Parlez-nous de l'invitation de Mme Karadhaoui... Un séminaire réunissant les amis et les disciples du savant a été organisé. Comme c'est quelqu'un dont j'ai beaucoup parlé, on m'a invité pour expliquer son influence sur les artistes, les intellectuels. Comment expliquez-vous cette influence ? Nous sommes un peuple ouvert à toutes les cultures. Nous avons subi de nombreuses influences : Souidane, Amrou Khaled, Kochk, Bob Marley, Julio… Nous sommes ouverts et tolérants. Où en est le projet Anis et celui de la revue Double Kanon ? L'association de lutte contre le sida active avec l'aide de l'ONU. Quant à la revue, nous attendons les autorisations. Des vidéo-clips ? Nous les réalisons, mais comme nous n'avons pas de connaissance nous ne pouvons pas les passer à la télé et nous n'aimons pas mendier… La réussite de Double Kanon est la réussite d'une idée ou d'une voix ? Double Kanon est d'abord une idée, ni une belle voix, ni un beau corps, ni des yeux bleus. L'idée est immatérielle, éternelle, car immortelle.