La bonne récolte des figues, tant attendue, n'a pas été au rendez-vous cette saison à M'Kira. Si les conditions climatiques qui avaient prévalu, notamment durant l'hiver et le printemps, ont été propices pour les arbres, il n'en avait pas été de même pour les fruits qui n'étaient pas arrivés à leur phase de maturité. « Les figuiers ont repris de leur vitalité avec les chutes de pluies mais les différents changements climatiques qui sont survenus ont complètement porté un coup dur aux fruits naissants, tant pour les figuiers que pour les autres fruits tels que les abricots, les prunes ou le raisin », déclare ce fellah de Tamdikt, dans la basse M'Kira. La récolte des premières figues, appelées « avakhour », a été également très médiocre. « Notre localité alimentait presque tous les marchés de Boumerdès, Alger, Tizi Ouzou ainsi que les dizaines de vendeurs installés sur l'important axe routier de la RN du côté d'Aomar et Bouira. Mais cette année, la récolte a été si faible que même nos familles en ont été privées alors qu'on enregistre la même situation pour la figue de saison dont le prix atteint actuellement les 100 DA le kg sur place », indique notre interlocuteur. Au demeurant, le figuier et l'olivier ont toujours constitué la principale richesse de la localité de M'Kira et qui avaient fait par le passé sa renommée, notamment dans la capitale qui n'est située qu'à moins d'une centaine de kilomètres. « De tout temps, M'Kira a été le principal fournisseur en figues fraîches ou sèches ainsi qu'en huile d'olive pour la capitale. Les fruits sont d'une excellente qualité, d'autant plus que les nombreuses figueraies étaient bien entretenues durant toute l'année », raconte Aâmi Rezki, un septuagénaire qui se souvient encore de tous les collecteurs installés à Tizi Gheniff. « Il y avait au moins une dizaine de collecteurs de figues séchées à Tizi Gheniff qui travaillaient surtout avec des mandataires français spécialisés dans l'exportation. Chaque matin, les villageois de tout le douar y descendaient pour vendre leur récolte, ne laissant que ce qui était nécessaire pour les besoins de la famille », confie encore Aâmi Rezki. Néanmoins, depuis le début des années 1970, tout allait basculer avec le désintéressement des familles pour ces cultures et l'avènement d'autres facteurs qui avaient obligé les citoyens à se transformer en véritables consommateurs. Au début des années 1970, il y avait non seulement un départ massif vers l'étranger (immigration), mais aussi l'enseignement aux enfants et la sécheresse ont été le coup de grâce pour l'arboriculture. Un enseignant témoigne : « En 1986, inquiet devant la mort des figuiers, je me suis présenté au Centre de recherche en arboriculture de Birtouta, à Alger, pour demander une éventuelle aide ou des conseils. Mais pour toute réponse, on me signifia que la sécheresse en Algérie n'était pas nouvelle et qu'il fallait non seulement travailler la terre qui était abandonnée, mais également arroser périodiquement les figuiers alors que cette eau n'était même pas à la portée des villageois. » Il reste tout de même un espoir de revoir renaître toutes les figueraies d'antan mais faudrait-il que l'Etat accorde un peu d'importance à ces arbres sacrés comme c'est le cas pour le palmier, dans le Sud.