De plus en plus de malades mentaux envahissent les rues de la ville de Chlef, dans l'indifférence générale. Plus grave, personne ne semble se soucier du danger qu'ils représentent pour les passants. Il y a quelques années, un fou avait tué une femme fonctionnaire à l'aide d'une bouteille, dans la commune voisine de Chettia. Ce drame n'a pas pour autant amené les autorités concernées à réagir pour endiguer le phénomène qui tend à prendre des proportions alarmantes. Au contraire, on laisse ces malades dangereux abandonnés à leur triste sort, sans aucune assistance ou prise en charge dans des structures spécialisées. Du coup, des personnes âgées, des femmes et des enfants touchés, parfois furieux, sillonnent l'agglomération et occupent même les trottoirs en permanence. Hier lundi, en plein centre-ville, un jeune souffrant de troubles mentaux s'est carrément déshabillé devant les passants et a commencé à arroser son corps à l'aide de bouteilles d'eau. Aucun service n'est intervenu pour mettre fin à cette scène qui a obligé les citoyens à contourner cette artère et s'indigner de la manière dont est traitée cette catégorie de malades dans la région. L'absence d'un hôpital psychiatrique dans la wilaya ne peut expliquer à elle seule cette situation, puisque la santé mentale dans les structures publiques est réduite à sa plus simple expression. Il n'existe, semble-t-il, qu'un psychiatre sans moyens et aucun service dans les cinq hôpitaux existants pour interner les malades dangereux ou leur prodiguer les soins d'urgence. La mise en place d'un réseau de prise en charge s'impose plus que jamais, d'autant que la région a beaucoup souffert du terrorisme et des catastrophes naturelles. Une enquête, lancée il y a quelques années par le ministère de la Santé dans certaines communes de Chlef, avait révélé que 27% des enfants scolarisés présentaient des troubles psychiques dus à la conjoncture particulièrement difficile qu'a vécue la wilaya cette dernière décennie. Là aussi, aucune disposition concrète n'a été prise par les responsables concernés pour soigner à temps la population touchée et désamorcer la « bombe à retardement » qui fait planer de sérieuses menaces sur la société qui est déjà confrontée à une série de maux sociaux.