Mila, véritable musée à ciel ouvert où se côtoient et se superposent des vestiges millénaires de civilisations romaine, byzantine, musulmane et ottomane, a subi, ces trois dernières décennies, de profondes mutilations qui ont perverti son cachet architectural. La vieille ville de Mila, classée patrimoine national en 1992 et dont 26% du bâti sont en ruine, aurait dû constituer avec la mosquée de Sidi Ghanem, au minaret de 365 marches (la plus ancienne mosquée d'Afrique après celle de Kairouan en Tunisie), Ksar El Agha et la Prison rouge de Ferdjioua et beaucoup d'autres monuments archéologiques un pôle de rayonnement culturel et une attraction touristique à part entière. Relancer le tourisme sur la base de 5 modestes agences touristiques et un parc hôtelier ne dépassant pas 6 établissements non classés que se partagent les villes de Mila, Chelghoum Laïd et Tadjenanet offrant une capacité chimérique de 290 lits, c'est une entreprise somme toute aléatoire. Et comme la performance touristique rime avec la disponibilité de structures d'accueil, d'hébergement, de restauration, de détente et de loisirs de pointe, l'excellence et la diversification du produit touristique, la qualité irréprochable de la prestation de service et la modernisation et la fluidité des réseaux routiers, l'on devine mieux pourquoi le tourisme à Mila est resté à l'étape de la simple profession de foi. Favoriser dès lors la production d'une offre touristique de qualité et faire émerger des pôles d'excellence du tourisme appuyés par un plan de promotion de la qualité des produits proposés sont salvateurs. Certes, une dizaine de demandes d'investissement pour un montant global dépassant les 400 millions de dinars a vu le jour durant 7 mois de l'année 2006 et est à présent à l'étude en vue de la réalisation de nouveaux hôtels, piscines et complexes de thermalisme, dans les communes de Tadjenanet, Yahia Beni Guecha, Grarem Gouga et Oued Athmenia, mais doit-on pour autant en pavoiser ? Les sources thermales Ajoutez à cela la problématique de la plupart des projets lancés qui sont à l'arrêt depuis plus de 3 ans par manque de financement. Une autre contrainte de taille qui est pour beaucoup dans la désaffection des touristes qui étaient, selon les rapports de la direction du secteur, à peine quelque 16 966 touristes nationaux et 627 étrangers à visiter la wilaya en 2006. Avec une palette kaléidoscopique combinant harmonieusement une couverture forestière de 33 670 ha, en passant par les sites envoûtants de Hammam Beni Haroun, les somptueuses forêts de Beinen et de Tadrar ainsi que les ruines romaines de Yahia Beni Guecha et Benyahia Abderrahmane, Mila jouit d'un potentiel touristique enviable. En plus du tourisme culturel, de loisir et de détente, Mila dispose d'un réseau étoffé de sources thermales aux vertus thérapeutiques indéniables. Disséminées aux quatre coins de la wilaya (dont 5 dans la seule commune de Teleghma), celles-ci au nombre de 15 (dont 11 en exploitation) pâtissent de l'existence du minimum de confort et de commodités du fait de leur exploitation par des propriétaires novices. A la faveur de l'engouement populaire pour les sources thermales aux eaux minérales chaudes, ces installations contribueraient mieux à l'essor du secteur si elles venaient à être alignées sur les techniques de gestion en vogue. En somme, l'avenir touristique à Mila dépend en grande partie de la volonté et la capacité des responsables en charge du secteur à repenser la stratégie jusqu'ici adoptée, à engager une prospective novatrice et l'arrimer aux exigences de performance et d'efficacité pratiquées sous d'autres cieux.