Patrimoine n La vieille ville de Mila constitue un véritable musée à ciel ouvert avec ses monuments et ses vestiges qui témoignent de la richesse de l'Histoire de cette région de l'Est du pays. Aïn El-Blad, le mur byzantin, la première mosquée d'Algérie, autant de vestiges qui attestent on ne peut mieux des multiples civilisations qui se sont succédé dans cette ville et qui font la fierté des Miléviens. Ces derniers n'hésiteront pas, par exemple, à évoquer la vieille fontaine romaine appelée localement «Aïn El-Blad» dont l'eau est chaude en hiver et fraîche en été. Le vieux Mila paresse, en ces journées de ramadan, et semble engourdi. Seuls les piaillements de quelques enfants jouant parmi les vestiges brisent le silence de ces lieux où la fontaine, en assez bon état de conservation, continue de couler au grand bonheur de trois canards blancs glissant paisiblement sur son eau coulant dans une seguia. C'est la seule fontaine romaine de la ville coulant encore à travers une canalisation construite à la même époque, affirment des spécialistes qui précisent que le tracé réel de l'aqueduc reste toujours méconnu, même si l'on «croit savoir avec une probabilité plutôt forte» que la source de cette eau jaillit des entrailles du mont Marcho qui domine avec majesté toute la ville. L'antique Milev faisait partie sous les Romains, notamment sous le règne de Jules César, de l'une des quatre villes constituant la confédération de Cirta. Les historiens assurent qu'elle a accueilli deux importants conciles ecclésiastiques en l'an 402 puis en l'an 416. Le dernier a été présidé par saint Augustin lui-même. La fontaine est située en contrebas d'un passage qui mène vers les vieilles échoppes puis vers la porte «Bab El-Blad» creusée dans le mur byzantin ceinturant tout le vieux Mila. Ce mur historique a été construit par le général Salomon après la conquête de Milev en 539/540 par les Byzantins. Ces derniers, conscients de l'importance religieuse et stratégique de la ville, en firent une citadelle surmontée de 14 tours de vigie. Cette muraille continue, en dépit de certains signes de «fatigue», de résister aux assauts du temps et de tenir tête à la négligence des occupants actuels de la cité qui accordent à ces vestiges bien moins d'intérêt que leurs aïeuls. L'intérieur de la vieille caserne est également calme en ces journées. Des pigeons, profitant de la sérénité ambiante, picorent près de la statue de Mellou et devant la porte de Sidi-Ghanem, la plus vieille mosquée d'Algérie. C'est en effet vers l'an 56 de l'hégire (679 de notre ère) que le compagnon du Prophète (QSSSL) et grand conquérant musulman, Abou Mouhadjir Dinar, fit construire ce lieu du culte ainsi que Dar El-Imara (quartier général) où il siégea pendant deux années après avoir transformé Mila en poste avancé des armées des Foutouhate musulmanes au Maghreb. Ce vestige, mis au jour vers la fin des années 1960, attend encore les fouilles et les actions de restauration promises par les multiples projets d'études.