Définitivement tournée vers le tourisme, la Tunisie accueille sans discontinuer des millions de touristes de toutes nationalités chaque année, en période de haute saison. Les algériens représentent à eux seuls la majorité écrasante des visiteurs.S ousse, ville méditerranéenne, est sans conteste leur destination privilégiée. Pendant un instant, à s'y méprendre vous aurez l'impression d'être en Algérie, en cette deuxième moitié du mois d'août à Sousse (Tunisie), tant le nombre impressionnant de véhicules, portant des plaques minéralogiques algériennes, circulaient en ville. Pas une ruelle, pas une rue ou avenue n'en était exemptes. Ils sont venus de toutes les wilayas de l'est algérien, certains du centre et même de l'Oranie. Et c'est comme cela chaque année, pendant la période d'été où juilletistes et aoûtiens se relaient dans cette ville trois fois millénaire et aux multiples facettes. Capitale de l'Afrique du Nord (Ifriquiya) du IXe au XIe siècles après la conquête arabe, Sousse s'imposera également, vers le XVIIIe siècle sous l'empire ottoman comme port et cité florissante dans le négoce. Cette situation ne changera pas, puisqu'elle occupe, aujourd'hui, la place de capitale du Sahel tunisien, et troisième ville tunisienne après Tunis et Sfax. Mettant en valeur son patrimoine historique, la ville de Sousse, a, à travers sa médina et les remparts qu'elle abrite, des routes touristiques bordées d'une zone hôtelière mêlant subtilement palaces et hôtels de moindre standing. Que recherchent les Algériens à Sousse ? Venus en groupes, des jeunes ou des familles de niveaux sociaux très différents, les Algériens que nous avons rencontrés à Sousse sont unanimes : ils ont choisi la Tunisie comme destination pour une raison majeure : la sécurité et la tranquillité publique qu'ils ressentent dans ce pays frère. Plusieurs personnes nous diront : « Peu importe comment nous passerons nos vacances, dans une chambre pourrie louée à un Tunisien en banlieue de Sousse, ou dans une résidence pas trop chère, ici au moins, il n'y a pas d'agression et on n'a pas peur pour nos vies, si l'idée nous venait de passer une nuit à la belle étoile, sur une plage déserte ». Lourd de sens, c'est un message fort que nous envoient nos compatriotes en quête de vacances sereines. Pourtant il y a un « mais » dans cette histoire, il est vrai que l'accueil légendaire de nos voisins et leur sourire commercial, n'ont pour ainsi dire pas failli à la règle, néanmoins, les langues se délient du côté de nos hôtes. Samir, patron et restaurateur à Sousse, marié à une Algérienne, nous avouera : « Les jeunes algériens qui viennent en groupe et sont souvent véhiculés, ne finissent pas de faire parler d'eux. Pas plus tard qu'hier, une bagarre a éclaté dans un cabaret en ville. Ils s'adonnent beaucoup à l'alcool et ne savent pas se tenir devant les Européens, ni même avec les Tunisiens. Jusqu'à très tard dans la nuit, ils continuent leur cirque entre Sousse et le port El Kataoui : klaxons et musique à fond. Ils sont trop bruyants et se croient tout permis ». Il ajoutera : « Quant aux personnes venues en famille leur comportement est exemplaire ; ils font du shopping, un point c'est tout ». Tourisme culturel ? Connaît pas ! Construite en 859, la médina de Sousse est un véritable trésor architectural, protégée par ses remparts et ses fortifications. Elle renferme plusieurs musées et monuments historiques classés par l'Unesco, nous dit-on. Le ribat est une forteresse érigée à l'entrée de la médina avec une tour de plus de 30 m. On y entre, après avoir payé 1 dinar tunisien, soit l'équivalent de 60 dinars algériens. Déjà, on y trouve deux groupes de touristes et leur guide, mais pas un Maghrébin en vue. Les explications vont bon train. Puis, direction le haut de la tour pour prendre quelques photos de la ville. La mosquée de Sousse n'est pas très loin, ainsi que les ruelles du souk de la médina. Restent les catacombes à visiter. Ce sont, paraît-il, des chrétiens durant l'époque romaine, qui les ont creusées sur des kilomètres pour inhumer leurs morts. A l'entrée du musée encore une fois, point de tête brune. Nous n'avons pas manqué de questionner un monsieur de type méditerranéen concernant le tourisme culturel, il nous répondra : « Couni pas ! »