Les Algériens sont chaque année de plus en plus nombreux à passer leurs vacances en Tunisie. Leur nombre dépasse le million de touristes chaque année puisque ce pays représente une moyenne de 65% du volume total des voyagistes algériens. D'ailleurs, la police frontalière et les services de douanes de la Tunisie qui ont reçu des directives pour faciliter le passage des Algériens, enregistrent -notamment au niveau du passage d'Oum T'boul- une affluence de 6 000 Algériens par jour. Ce qui n'est pas rien surtout après la régression du tourisme à cause de la crise financière mondiale. Le marché algérien fait partie des trois marchés touristiques qui enregistrent un grand nombre d'entrées en Tunisie et qui booste donc les recettes tunisiennes. Une raison suffisante pour amener le ministère tunisien du tourisme et l'ONTT à accorder une importance particulière à ce marché en pleine expansion. L'enjeu est réel et consiste non seulement à renforcer ce capital mais aussi et surtout à fidéliser les Algériens, d'autant que cette clientèle est fortement consommatrice. Le touriste algérien est classé parmi les plus dépensiers avec pas moins de 500 dollars par semaine. Et comme le secteur du tourisme représente pour la Tunisie le premier pourvoyeur de devises avec des recettes de l'ordre d'un milliard et demi de dollars par an, couvrant 56% du déficit commercial de la Tunisie et générant également plus de 350 000 emplois directs et indirects, il est ainsi facile de comprendre la considération des touristes Algériens comme un revenu important en devises. Actuellement, l'objectif principal pour la Tunisie serait de réunir les conditions favorables, pendant la saison estivale, pour accueillir un nombre important de touristes. L'ONTT, pour sa part, envisage des mesures frontalières entre la Tunisie et l'Algérie afin de réduire l'encombrement des centres de transit. Cette année et sur les 6,7 millions de touristes visitant la Tunisie, 37% d'entre eux sont maghrébins (essentiellement algériens et libyens), occupent une place de choix en assurant, d'année en année, une progression du nombre de nuitées et des recettes en devises, sauvant même la saison touristique lors des périodes creuses ou de crise. Il faut dire que ce tourisme intermaghrébin se démarque du tourisme européen, de par sa particularité d'être un tourisme de famille, nullement en vase clos, qui profite aussi aux autres secteurs (petits commerces, restauration, location…), et au domaine de la santé (thalassothérapie, cliniques privées, etc..). L'affluence grandissante des Algériens en Tunisie s'explique par les similitudes culturelles entre les deux peuples, la proximité et l'hospitalité offerte, mais surtout par la non-imposition de visa et les prix relativement avantageux qu'offre la destination Tunisie à ses voisins de l'Est. Elle s'explique aussi, il faut le reconnaître, par le fait que le tourisme en Algérie ne répond nullement aux aspirations des nationaux malgré les atouts naturels considérables dont regorge le pays. Cette carence du côté algérien est une vraie aubaine pour la Tunisie. D'ailleurs, comme l'a déclaré son consul à Alger, «l'Algérie est un véritable pôle pour le tourisme tunisien». Le consul, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse animée en mars dernier, a affirmé que l'Algérie occupe la troisième place quant au tourisme tunisien après la Libye et la France. «Cet acquis est d'autant plus précieux qu'il va falloir absolument le préserver pour la santé de l'économie tunisienne». H. Y.