Le nombre de compatriotes qui se rend en Tunisie pourrait atteindre le million à l'horizon 2010. Une croissance sur laquelle l'Office national du tourisme tunisien (Ontt) mise davantage en évitant notamment les aléas désagréables qui surviennent généralement durant la période estivale. Jeudi, 24 avril 2008. Aéroport international Houari-Boumediene. Une représentante de l'Ontt à Alger nous accueille pour accomplir et faciliter les formalités. L'Eductour, le premier à être dédié aux professionnels des médias et signé Fawzi Basly, nouveau responsable du même organisme en Algérie et successeur de Ziad Ben Hassen, durera du 24 au 28 avril. 12h40 tapantes, nous décollons à bord d'un avion de la compagnie aérienne Tunis Air vers la Tunisie. Mission : (re) découvrir Tunis, Hammamet nord, Hammamet Yasmine, Sousse et bien d'autres lieux de détente que fréquentent les Algériens tout au long de l'année. Mais surtout durant la haute saison, à savoir du 1re juillet au 31 août de chaque année. Après une heure de vol près, nous atterrissons à l'aéroport international de Carthage, à 10 minutes de Tunis. Les formalités accomplies, un représentant de l'Ontt, Kaïs Mejir, exerçant au même aéroport depuis une dizaine d'années, nous annonce la couleur : l'Eductour devra durer 4 jours pleins et nous devons sillonner, en plus des sites touristiques connus, les quartiers authentiques de la Tunisie, les forts, les marinas et les ports de plaisance, les marchés populaires du vieux bâti et des lieux féeriques comme Sidi Boussaïd. En passant évidemment par la célèbre médina de Hammamet, une œuvre splendide inaugurée en 2003-2004 et signée Ben Ayed. Pour le commun des mortels, la Tunisie est un pays touristique par excellence. Et la Tunisie mise de gros sous pour améliorer sa position mondiale dans ce secteur névralgique, première ressource de ce pays voisin. Et si l'objectif de cet Eductour est de préparer beaucoup plus la prochaine saison estivale et de donner un aperçu exhaustif des nouveautés, il est clair que les Tunisiens veulent également garder leur position sur le marché algérien et conquérir une clientèle qui, jusque-là, est orientée par les tour-opérateurs vers d'autres destinations, tant au Maghreb qu'en Europe. “Les Algériens connaissent très bien les produits touristiques de la Tunisie. Ils y viennent tout au long de l'année, surtout par voie terrestre. Il est vrai que les Algériens sillonnent pratiquement tous les sites, mais la grande majorité est concentrée à Hammamet nord, Hammamet Yasmine, Nabeul et Sousse. Mais il y a aussi Tunis. Il y a également une forte concentration d'Algériens au centre de la capitale”, souligne Kaïs, titulaire d'un BTP (Brevet de technicien professionnel) du célèbre Institut supérieur d'hôtellerie et de tourisme de Sidi Drif. Notre accompagnateur connaît au détail près le produit touristique. Après une nuitée au Royal Azur Thalasso Golf, un somptueux hôtel 5 étoiles, notre accompagnateur nous suggère une virée au vieux bâti de Hammamet nord où la grande affluence des touristes commence à se faire sentir. Une brève rencontre avec le commissaire régional du tourisme de Hammamet Yasmine nous donnera un aperçu détaillé sur cette station, un joyau du tourisme du Cap-Bon. Englobant Nabeul et Sousse, cette région a eu droit à un investissement de 1 000 millions de dinars tunisiens. Avec ses 46 hôtels, dont 3 en cours de réalisation, une marina, 7 centres de soins en thalassothérapie, 33 restaurants touristiques, comme la Bouillabaisse, et seulement deux agences de tourisme, Yasmine Hammamet est également cette grande station où l'histoire, la culture, les jeux et la détente font bon recette. À la médina Méditerranée, Carthage Land, plus connue sous le nom de Médina, le touriste pourra réellement vivre, l'espace d'une virée par bateau dans un long tunnel, l'histoire des frères Barberousse qui nous renvoie à l'histoire de Tunis jusqu'à nos jours. Avec un décor digne des contes de Kaïs oua Leïla, ce grand parc de jeux est “un véritable un concentré de toutes les parties de la Tunisie profonde”. Ici, le client ne payera qu'un seul ticket, valable pour plusieurs entrées durant la journée. La responsable commercial, Galloubi Sendes, résume en quelques mots la Carthage Land : “C'est un site de rêve où le touriste, quelle que soit sa provenance, peut trouver un peu de tout. Les familles se retrouvent vraiment. Et les enfants ne demandent pas mieux. Côté infrastructures, jeux et détente, le Carthage Land est un espace idéal. Il attire tout le monde et à longueur d'année. Nous enregistrons une moyenne de 4 000 à 5 000 entrées par jour. En été, cet espace grouille de monde avec une moyenne quotidienne de 7 000 à 8 000 entrées par jour. Même les adultes viennent ici pour passer du temps et se détendre.” Nous ne quitterons pas Hammamet Yasmine sans visiter les merveilles de sa Casbah, pied dans l'eau, son fort ancestral situé à la limite de la zone touristique qui longe le front de mer et le célèbre Musée des trois civilisations et religions qui sont passées par la Tunisie (islam, christianisme et judaïsme). De Sousse à Sidi Boussaïd, la Tunisie nouvelle Au troisième jour, nous prenons la route vers la ville de Sousse. À 80 km de Hammamet Yasmine. Sur l'autoroute, deux grands projets attirent l'attention des visiteurs et des routiers. Le tout nouvel aéroport, “le plus grand en Afrique” pour paraphraser nos interlocuteurs, situé sur la grande aire de Nfidha et “la ville du siècle”, sous forme d'une “bouheïra” et qui regroupera toutes les activités touristiques. Du tourisme de masse jusqu'au tourisme d'affaires. Ville natale du président Zine El-Abiddine Benali, Sousse est une ville portuaire située à 143 kilomètres au sud de la capitale et ouverte sur le golfe de Hammamet. Capitale du Sahel tunisien par excellence, perle du Sahel par définition pour les hôtes de la Tunisie et chef-lieu du gouvernorat du même nom, Sousse est aussi cette ville incontournable pour les millions de touristes étrangers mais également pour les Tunisiens. Troisième grande agglomération du pays après Tunis et Sfax, elle est jumelée avec 13 grandes villes du monde, dont Constantine depuis les années 1980. D'où la forte concentration des Algériens dans cette zone par ailleurs la plus fréquentée par les touristes tout au long de l'année. À deux jours de notre retour, Kaïs nous proposera donc Tunis, la ville de la Tunisie, capitale du pays sans interruption depuis le 20 septembre 1159 sous l'impulsion des Almohades. Chef-lieu du gouvernorat du même nom depuis sa création en 1956, Tunis est bâtie sur des collines surplombant ses grands lacs. Elles font suite aux coteaux de l'Ariana, Notre-Dame de Tunis, Ras Tabia, la Rabta, La Casbah, tout en laissant se dominer par les monts de Sidi Boussaïd, la grande mosquée d'El-Abiddine, inaugurée il y a quelques années seulement par le président Benali, et enfin le somptueux Palais royal, un quartier résidentiel dédié aux personnalités et hôtes de la Tunisie, mais qui s'ajoute à ce décor intégré du tourisme tunisien. À Tunis, les Algériens se retrouvent en toute convivialité. Ils louent leur quartier général à la limite ouest du boulevard Habib-Bourguiba, soit à l'entrée du plus vieux souk de Tunis aux mille et une ruelles. Ici, nos compatriotes font leur shopping au quotidien. Les taxis desservant plusieurs régions d'Algérie, dont Annaba, Jijel, Constantine, Tébessa, El-Oued et même Alger, occupent, eux aussi, un coin facilement repérable pour les habitués de Tunis. Accoutumés depuis des lustres aux Algériens, les Tunisois les considèrent comme partie intégrante de la capitale d'affaires au point que les accents des uns et des autres se confondent. L'avant-dernier jour sera exclusivement consacré au merveilleux site de Sidi Boussaïd, à 20 km de l'hôtel Africa, de la chaîne El-Mouradi, où nous avons élu domicile pour les deux derniers jours de l'Eductour. Perché sur une falaise et dominant Carthage et le golfe de Tunis, au bord de la mer, Sidi Boussaïd est un village où repose ce marabout, un bienfaiteur très apprécié par les populations locales. Lieu de pèlerinage des familles tunisiennes, mais également des touristes étrangers, ce site mythique offre une blancheur éclatante au-dessus d'un port de plaisance et d'autres stations balnéaires. Ici, le café des Nattes, le plus fréquenté, offre une vue panoramique sur la mer où les promeneurs chutent au café Sidi-Chebaâne pour mieux dominer un coucher du soleil des plus féeriques. Autant de lieux qui s'ajoutent à d'autres, que les Algériens visitent chaque année en centaines de milliers, et que l'Ontt voudrait fidéliser pour optimiser un marché des plus potentiels que celui de l'Algérie. Et si la Tunisie excelle d'année en année dans le réceptif, il est évident que les pouvoirs publics ne cessent d'établir des plans de développement sectoriels pour tout intégrer dans un tourisme à la carte où chaque touriste se retrouve, tant que les Tunisiens reposent toute leur compétitivité sur une économie nommée tourisme. La veille de notre départ, les Tunisois vivent au rythme des préparatifs de la visite de trois jours du chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, avec en appoint un décor de bienvenue planté tout au long du boulevard Habib-Bourguiba, où Benali et son hôte auront droit à un bain de foule, mais également aux alentours de Tunis jusqu'à l'aéroport international Carthage de Tunis. De notre envoyé spécial : FARID BELGACEM