L'ambition des concepteurs est de faire de la mosquée Ben Badis d'Oran l'une des plus belles et des plus grandes du monde. Le projet de la mosquée Abdelhamid Ben Badis actuellement en construction au rond-point de la cité Djamel, à l'est de la ville d'Oran, date de février 1971. L'APC d'Oran, présidée alors par le regretté Seghier Benali, avait unanimement décidé de réaliser une mosquée à la mesure de la deuxième ville d'Algérie. Son implantation a été prévue à la place Zeddour Brahim, ex-Karguentah. Faute d'argent, le projet est resté un vœu pieux jusqu'en 1975. Une association pour la construction de la mosquée Ben Badis a été créée. Elle fut agréée par arrêté du wali sous le n°74 en date du 28 février 1975. Ce fut le départ pour un long parcours du combattant pour un groupe de bénévoles, qui se sont escrimés pour tenter de redonner vie à l'idée qui avait germé quelques années plus tôt. Des difficultés liées à la délocalisation des commerces, notamment, ont conduit à l'abandon de la place Zeddour Brahim, pour un terrain situé sur le prolongement du boulevard Front de mer. Celui-ci fut également écarté, en raison de la nature du terrain qui, selon l'étude du sol, ne pouvait supporter l'immense construction. Des grottes souterraines ont été découvertes, a-t-on constaté. Ce sera finalement l'assiette du terrain du rond-point de la cité Djamel qui est cédée à l'association. Mais entreprendre les travaux était une autre affaire. L'association ne disposait guère de moyens financiers au niveau de leur ambition. En 1995, le projet est inscrit dans le programme de l'Etat. C'est le wali d'Oran qui devient le maître de l'ouvrage à la place de l'association, mais aucune enveloppe financière n'a été débloquée. Les fonds réunis par l'association atteignaient 100 millions de dinars, de quoi réaliser à peine les semelles, alors le socle du minaret devait engloutir à lui seul, quelque 1000 m3 de béton armé. Commencer les travaux était une entreprise risquée. Il faut attendre 1999 pour voir le démarrage du projet, grâce au concours des institutions élues (APW-APC) qui ont donné une dynamique nouvelle. Un montage financier a été enfin, rendu possible avec la participation de l'APW : 20 millions de dinars ; APC : 20 millions de dinars, ministère des Affaires religieuses : 10 millions de dinars, plus le reliquat disponible de l'ordre de 40 millions de dinars. Les travaux, confiés à l'entreprise Batior, suite à un avis d'appel d'offres et portant sur la réalisation des sous-sols sur 16 000 m2, ont démarré le 5 juillet 2000, en présence de quelques membres de l'association dont les regrettés Cheikh Zoubir, Cheikh Latrèche et Serradj. Entre temps, les prix des matériaux de construction ont flambé, imposant une réévaluation des coûts qui sont passés de 100 à 185 millions de dinars. La deuxième tranche -construction de la salle de prière et du minaret a pu être entamé grâce aux 18 millions de dinars de l'APW. Mais l'entreprise Batior, n'ayant pas satisfait aux exigences contractuelles du deuxième marché d'un montant de 26,5 millions de dinars, s'est vu retirer le projet au profit d'une entreprise chinoise la Cscec. Le marché devait connaître une réévaluation atteignant la somme de 320 millions de dinars. Travaux « herculéens » Les travaux concernant la deuxième tranche ont repris en juillet 2006, pour un délai de 7 mois. On signale que le suivi des études et des travaux, tous corps d'Etat, est assuré par le CTC pour un montant de 3 millions de dinars. Un autre avenant a été introduit avec l'entreprise chinoise pour la réalisation de l'esplanade et des sanitaires pour un montant de 120 millions de dinars, dans un délai de 7 mois. L'association vient de lancer, apprend-on, les études de menuiserie, électricité, étanchéité, revêtement du sol, etc. Les sanitaires, comprenant des bains-douches sont prévus pour permettre à 200 personnes de faire leurs ablutions en même temps. D'autres modules, dont la réalisation dépend des ressources financières, comprennent, à savoir un centre des arts islamiques de 5 500 m2, un centre d'enseignement et de recherches de 16 salles, offrant 480 places pédagogiques en post-graduation et un hôtel de 200 lits pour les résidants et les visiteurs. Un centre culturel avec une bibliothèque de 300 places et une salle de conférence de 100 places. La mosquée Abdelhamid Ben Badis d'Oran, qui va disposer d'une salle de prière de 10 000 m2, des mezzanines de 3500 m, une immense terrasse et deux sous-sols, présente une superficie globale de 27 000 m2, pouvant recevoir entre 50 et 60 000 fidèles. La coupole de la mosquée, qui s'étend sur un diamètre de 26 m et une hauteur de 46 m, portera un lustre de 800 lampes totalisant un poids de 5,5 q. Auquel s'ajoutent 200 lustres et 150 projecteurs. Elle sera dotée de 200 ventilateurs, d'un chauffage central pour l'hiver et de deux grands ascenseurs. L'accès à l'étage, réservé aux femmes, se fera par deux ascenseurs géants pouvant transporter entre 50 à 60 personnes chacun. L'idée d'un escalier mécanique n'est pas à écarter, nous confie-t-on. La mosquée de style arabo-andalou, conforme, nous dit-on, au type de mosquée de l'ouest du pays, disposera d'un minaret unique, qui culminera à 104 m. Ce sera, sans doute, le point le plus haut de la ville d'Oran. Le minaret se présentera en fait comme un building carré de 21 étages de 17 m de côté chacun, offrant une superficie totale de plus de 6000 m2, qui sera utilisé comme bureaux, salles de conférences et seront accessibles grâce à deux ascenseurs, un grand monte-charge et deux escaliers. De puissants projecteurs sont prévus pour baigner dans la lumière une bonne partie de la mosquée et le minaret à l'aide de rayons laser qui porteront sur une hauteur de 50 m. L'imposant édifice religieux est conçu pour être la construction qui ravira la vedette à certaines autres bâtisses, pour devenir le symbole de la ville d'Oran. Celle-ci sera désormais identifiée non plus par la chapelle de Santa Cruz, mais par la mosquée Ben Badis. C'est l'un des défis que se lance l'association. Les plans prévoient la réalisation d'une immense esplanade donnant accès au centre commercial qui animera le complexe. Des magasins de grand standing constitueront une galerie commerciale s'ouvrant sur des arcades. Les sous-sols de la mosquée, proprement dite, seront aménagés de deux parkings pouvant contenir jusqu'à 300 véhicules avec accès direct à la salle des prières. Face aux entrées du garage, se dressera un énorme jet d'eau musical que surplomberont des cascades faisant face à un jardin en terrasse. L'ensemble du complexe est accessible par trois imposantes portes. Un chef-d'œuvre grâce à dieu Un véritable chef-d'œuvre d'architecture jamais réalisé à Oran ni dans tout l'ouest du pays. La mosquée Abdelhamid Ben Badis est, sans nul doute, un ouvrage d'envergure nationale et internationale. Une fois achevé, l'édifice religieux oranais pourrait être classé parmi les plus grands et les plus beaux d'Algérie et même dans le monde, cela dit, sans la moindre exagération ni aucun chauvinisme. La réalisation nous est apparue si impressionnante, que nous nous sommes interrogé sur le peu d'intérêt accordé par les responsables locaux ou nationaux. Ce qui ne fut guère le cas, lorsqu'il s'agissait du projet de réalisation de la mosquée Emir Abdelkader de Constantine, qui avait suscité toutes les attentions de la part de nombreux responsables d'institutions qui n'avaient pas hésité à mettre la main à la poche. Bien que leur ambition soit démesurée par rapport à leurs possibilités, les membres de l'association restent fermement convaincus que la mosquée Abdelhamid Ben Badis sera bien achevée un jour ou l'autre. D'abord parce que « c'est un lieu dédié au Tout-Puissant », ensuite parce qu'ils se sont dévoués corps et âmes et enfin parce qu'ils croient qu'il y aura bien un responsable capable de prêter main-forte à ce noyau de simples citoyens qui ont décidé, un jour, de doter leur ville d'un projet de dimension internationale avec si peu de moyens.