Une grande effervescence règne au niveau de la gare maritime de Ghazaouet. C'est le retour en masse de nos compatriotes résidents en Europe, en France particulièrement, qui ont choisi de passer leurs vacances au « bled ». Les visages crispés, les yeux brouillés, les uns attendent patiemment leur tour pour accomplir les formalités policières et douanières, d'autres, les plus pressés, se ruent sur les guichets. Certains optent pour un dernier déjeuner à la pêcherie avant l'embarquement, ce qui retarde parfois le travail des policiers et des douaniers et empêche le bateau de partir à l'heure prévue. En dépit de ce contre-temps, l'embarquement se passe dans de très bonnes conditions. Les passagers ne cessent de parler « d'un bon déroulement de l'opération d'enregistrement » et relèvent surtout « la sympathie dont font preuve les policiers et les douaniers algériens ». Ils souhaitent qu'ils soient traités de la même façon en Espagne. « J'ai passé des vacances agréables. J'ai bien profité de ma famille et du soleil. Je me suis bien ressourcé pour entamer mon travail et à l'année prochaine inchallah », déclare Fethi, un jeune ressortissant algérien résident en France. Les séparations sont parfois bien douloureuses et derrière cette joie que nos interlocuteurs s'efforcent de montrer, se cache une immense tristesse. La parole est aléatoire, les visages souvent expressifs laissent deviner l'amertume que ressentent ces émigrés à l'heure de quitter leur pays, leurs proches et leurs biens. Mohamed, la quarantaine passée, au volant de son Renault espace, en compagnie de son épouse et de ses enfants, semble plongé dans ses pensées. Il oublie même d'avancer son véhicule. Le policier qui règle la circulation au niveau du hangar d'embarcation avait remarqué l'attitude songeuse du conducteur et n'a pas osé l'interpeller. Mais un klaxon strident arrache Mohamed de ses profondes pensées. Surpris, il actionne le frein à main et laisse sa voiture avancer jusqu'à ce qu'elle arrive à la hauteur du policier « excusez moi monsieur l'agent, je suis un peu perturbé », sa voix rauque se fêle sur une note aigue et des larmes tombent sur ses joues. Le spectacle est émouvant. Les jeunes « beurs » affichent une joie mêlée à une certaine inquiétude. Ils sont contents d'aller retrouver leurs copains, raconter leurs vacances et frimer de leur bronzage presque parfait. Mais aussi, ils vont retrouver les galères de la cité. Les jets ski, les mariages, les cortèges, la bonne ambiance, tout ça est fini. « Je viens tous les ans pour passer mes vacances ici », lance Aziz, un jeune parisien. « Vive l'Algérie, mon beau pays », crie haut et fort Nabil. Par ailleurs, il est à signaler qu'une fois de plus, la PAF a réussi à faire échouer la tentative d'un émigré qui tentait d'embarquer son ami (candidat à l'émigration clandestine) à bord du car-ferry à destination d'Almeria. Les policiers de la PAF ont découvert un passager clandestin, dissimulé dans le coffre d'une voiture. Pour justifier l'acte illicite de son mari, l'épouse du passeur a déclaré aux policiers qu'il a eu de la peine de voir la situation sociale plus que précaire de son meilleur ami et a voulu lui tendre la main.