La gare maritime du port d'Alger vit depuis mercredi dernier une tension particulière. Des passagers de Cnan Maghreb Line (CML), filiale du groupe Cnan, se sont retrouvés bloqués en Algérie faute de navire. Le Lato, un navire de plus de 30 ans d'âge affrété par la compagnie auprès d'un armateur grec, est immobilisé à Marseille depuis le 28 août dernier. Une avarie a mis hors service son moteur droit. Ce qui nécessite une immobilisation de plusieurs jours. Conséquence : près de 3000 passagers (et des centaines de véhicules) devant rallier le port de Marseille durant le week-end n'ont pu embarquer. Le premier groupe de 1700 passagers devait partir mercredi dernier. Aucune information ne leur a été donnée et l'accès au port leur a été interdit. La colère s'empare de tout le monde et c'est le débordement. Les voyageurs tentent d'occuper la rue en bloquant la route parallèle au port. Après des discussions serrées avec la police, une délégation est autorisée à entrer au port pour recevoir les explications. Les responsables de l'agence de la Cnan se sont engagés à résoudre rapidement la crise. La solution provisoire est de prendre en charge les voyageurs n'ayant pas de résidence à Alger, dans des hôtels de la capitale, tels que El Aurassi et Safir Mazafran. Le lendemain, jeudi, un autre groupe de passagers qui devait quitter Alger se retrouve dans la même situation. Certains d'entre eux ont été embarqués à bord du Tarik Ibn Ziyad appartenant à l'ENTMV. Pour la majorité, au lieu d'une cabine pour laquelle ils ont payé le prix fort, ils se sont retrouvés dans des couchettes. La compagnie s'est vu obligée, vu le nombre important des voyageurs, d'affréter dans l'urgence et toujours au prix fort un autre navire pour un seul voyage. C'est auprès d'un armateur français que ce bateau, le Jhoni Nicoli, a été loué à raison de 120 000 euros la traversée. Il est arrivé vendredi dernier et n'a pu embarquer que 400 passagers et quelques dizaines de véhicules. Ce qui a engendré une situation de crise la plus inextricable. Les groupes de passagers désespérés ont vu leur retour en France compromis. Ils n'ont pas voulu quitter le port créant un lourd climat de tension. L'armateur grec, propriétaire du Lato, décide de dépêcher un autre navire, le Lefta, mais il ne peut être à Alger qu'à partir du 4 septembre prochain. Une situation qui rappelle étrangement celle vécue par la compagnie durant la saison estivale de 2006 avec le Millénium express, un vieux bateau qui a laissé derrière lui une lourde dette, affaiblissant davantage la trésorerie de la filiale. Sans prendre en compte cette mauvaise expérience, les responsables ont pris la décision de louer un vieux navire à raison de 55 000 USD par jour (sans compter les frais des soutes, d'accostage, d'amarrage, de remorquage et d'équipage) en compromettant le retour de centaines d'immigrés vers la France. Hier, une quarantaine d'entre eux, notamment ceux ayant des enfants scolarisés, ont été pris en charge par l'ENTMV et le reste doit malheureusement attendre le 4 septembre. Il est important de signaler que durant toute cette crise, le premier responsable du groupe Cnan était aux abonnés absents. Selon ses proches collaborateurs, il se trouve actuellement à Anvers, en Belgique, où il termine son congé. Il est également important de rappeler que la filiale CML a été cédée à Arezki Ijeriouidene, patron de la compagnie de transport aérien, Aigle Azur, il y a quelques mois, après un forcing du syndicat d'entreprise, dont le responsable a été muté à Marseille. Le nouvel acquéreur de la filiale (à 51%) n'a pas à ce jour concrétisé ce partenariat.