Le grand absent des vendanges à Témouchent, l'ONCV en l'occurrence, a repris langue avec la coopérative viticole. Le DG de l'office de commercialisation des vins a assuré qu'en 2008, son organisme sera de nouveau présent. La cave de Keroulis sera réhabilitée et l'office disposera ainsi comme à Mascara et Mostaganem de sa propre unité de transformation. La défection de l'ONCV n'a pas été sans arranger ses affaires. En effet, cette année, les vendanges sont catastrophiques dans une wilaya qui produit plus de 60% de la production nationale de raisin de cuve. Elle atteindra à peine 180 000 q pour 11 381 ha en rapport. Mais sachant que 20% de la production du raisin dit double fin vont être commercialisés en frais, soit 45 000 q, cela réduira les quantités à transformer à la moitié de celles de la précédente campagne. Pis, le raisin actuellement livré aux caves n'est pas fameux, avec peu de premier choix. Les facteurs à l'origine de la régression constatée sont au nombre de trois. Il y a eu d'abord l'arrachage d'environ 500 ha du fait de la mévente du raisin l'année passée et de la chute drastique des prix ainsi que de l'inexistence d'un marché en frais. Il y a eu, ensuite, le retard des pluies qui auraient été plus bénéfiques en janvier qu'en avril où elles ont été abondantes. Il y a eu enfin l'absence de traitement phytosanitaire contre le mildiou et l'oïdium. Cela était prévisible puisque les agriculteurs n'avaient rien perçu en contrepartie de leurs livraisons afin de faire face aux frais de la campagne. Par ailleurs, face à une politique locale avantageant la concurrence qui lui est livrée par le privé, l'ONCV en marquant une pause va tirer les gains du face-à-face entre cette concurrence et les viticulteurs. Les impitoyables lois du marché sont ainsi entrées en action sans possibilité d'une éventuelle injonction salvatrice des pouvoirs publics sur l'ONCV au nom de la nécessité de sauvegarder la paix sociale. On suspecte même l'ONCV de vouloir ainsi replacer ses rapports avec les agriculteurs sur un terrain purement commercial et qu'il ne soit plus considéré comme le réceptacle obligé de tout le raisin, ni loyal, ni marchand, qu'on lui a imposé jusqu'à présent parce qu'il est un organisme du secteur public. Mais encore, en prenant « une année sabbatique » de Témouchent, l'ONCV, qui dispose d'importants stocks de vins, n'en constituera plus de nouveaux. Interrogé sur toutes ces questions, M. Ameziani, le nouveau patron de l'ONCV, sans démentir l'essentiel de l'analyse, préfère parler de la nouvelle stratégie commerciale de son groupe qui contrôle 60% du marché intérieur. C'est ce marché intérieur, assise de l'office, qui va faire l'essentiel de sa nouvelle démarche. Il veut s'y consolider et regagner le terrain perdu en particulier par de nouvelles offres sur ses produits. A cet égard, ses nouveaux labels que constituent les vins de cépages sont un atout que l'on veut valoriser. Quant à l'exportation, elle ne sera pas l'axe essentiel au regard de l'état de non-compétitivité de la viticulture algérienne en particulier du fait d'un encépagement déséquilibré et d'un outil de transformation obsolète des coopératives. Selon le DG, et en fonction de la production qu'il sera possible de placer à l'étranger, la meilleure façon de prendre pied sur un marché international fermé va être pour l'ONCV d'offrir à des partenaires étrangers son réseau de distribution national pour certains produits en contrepartie de leur prise en charge de ses vins sur leurs réseaux.