La campagne des vendanges qui débute, ce samedi, va faire date dans l'histoire de la viticulture à Aïn Témouchent puisqu'elle va se faire sans l'ONCV alors que la région fournissait l'essentiel de ce qui fait la raison d'être de cet office. Pour d'aucuns, l'ONCV s'est bel et bien désengagé de la région, « sinon comment expliquer qu'il ne se soit présenté qu'en juillet, à un mois des vendanges, pour demander la location d'une seule cave qui, plus est, était déjà louée à un autre opérateur ? » explique un membre de la chambre de l'agriculture. Du côté du DG de l'ONCV, on avance que c'est plutôt une politique locale avantageant la concurrence qui est à l'origine de cette situation. S'il y a du vrai dans les deux versions avancées, la vérité réside également dans le fait que l'ONCV dispose de stocks invendus qu'il lui faudra écouler pour les reconstituer d'une part, et d'autre part, il y a eu un flottement au sein de l'ONCV au moment de la prise de décision à cause d'un impromptu changement de PDG intervenu en juin. Toujours est-il que la présente campagne est appelée à se passer sans incidents puisque plusieurs facteurs négatifs sont intervenus pour réduire la production à un niveau gérable, soit 184 828 quintaux. Par ailleurs, il faut compter près de 20% pour ce qui est du Cinsault et du Merseguerra qui vont être commercialisés en frais, soit 45 000 quintaux, ce qui réduira les quantités à transformer à la moitié de celles de la précédente campagne. Les facteurs à l'origine de la régression constatée sont au nombre de trois. Il y a eu d'abord l'arrachage d'environ 500 ha du fait de la mévente du raisin, de la chute des prix et l'inexistence d'un marché en frais. Ainsi, cette année, les superficies totales atteignent 12 542 ha dont 11 381 en rapport. Il y a eu, ensuite, le retard des pluies qui auraient été plus bénéfiques en janvier qu'en avril où elles ont été abondantes. Il y a eu, enfin, l'absence de traitement contre le mildiou et l'oïdium, les agriculteurs n'ayant rien perçu en contre partie de leurs livraisons de façon à faire face aux frais de la campagne. De la sorte, c'est GCO, « les grands crus de l'ouest », qui a supplanté l'ONCV. La GCO, en achetant près de la moitié des vins élaborés par la coopérative viticole pour le compte des viticulteurs, a obtenu la location de cinq caves, ce qui lui fera sept avec les deux caves dont cette entreprise dispose déjà. La coopérative transformera en trois caves du raisin. L'acheteur de ce vin sera la GCO. Quant aux autres transformateurs, VDO transformera en ses deux caves, les Espagnols d'Ibéria en la leur à Aïn El Arba et SOVAL en la sienne à Hammam Bou Hadjar. En définitive, le seul problème qui va surgir résidera dans les litiges entre transformateurs et producteurs quant à la qualité du raisin livré.