Ce qui débuta sous forme de coup répréhensible à l'école, une façon rusée mais inoffensive de déjouer la méfiance de camarades déjà alertés par ses coups précédents, a mérité à Rich Skrenta la notoriété réservée à la première personne responsable de la propagation d'un virus informatique qui s'attaque aux ordinateurs personnels. Au cours des 25 années suivantes, M. Skrenta a, tour à tour, démarré le service commercial de nouvelles en lignes Topix, a collaboré au lancement d'un bottin Web coopératif devenu propriété de Netscape et a écrit de nombreux autres programmes informatiques, mais on se souvient toujours de lui comme la personne qui a lancé le virus Elk Cloner dans le monde informatique. « Ce n'était qu'une petite farce légère », dit M. Skrenta, maintenant âgé de 40 ans, lors d'une entrevue. « J'imagine que si j'avais à choisir entre être connu pour ça et n'être connu pour quoi que ce soit, je préfère être connu pour ça. C'est tout de même étrange qu'on se rappellera de moi ainsi, malgré ce que j'ai accompli. » Elk Cloner — capable d'autoreproduction comme tous les autres virus — n'a que peu de ressemblance aux programmes malicieux actuels. En rétrospective toutefois, il augurait des nombreux maux de tête de sécurité, qui n'allaient qu'augmenter à mesure que croissait le nombre de personnes se procurant un ordinateur personnel et le connectant aux autres sur Internet. Voici La liste des principaux virus informatiques des 25 dernières années : ELK CLONER, 1982 : Perçu comme le premier virus à s'attaquer à des ordinateurs personnels à l'échelle mondiale, Elk Cloner s'est répandu par le biais de disques souples d'Apple II et affichait un poème écrit par son auteur, un étudiant de troisième année secondaire qui ne visait que ses amis avec son coup. BRAIN, 1986 : Brain est le premier virus à s'attaquer aux ordinateurs utilisant un système d'exploitation de Microsoft-DOS. Ecrit par deux frères pakistanais, le virus affichait à l'écran le numéro de téléphone de leur boutique de réparation d'ordinateurs. MORRIS, 1988 : Ecrit par un universitaire de Cornell, dont le père était à l'époque un expert reconnu du gouvernement en matière de sécurité informatique, le virus a infecté quelque 6000 ordinateurs universitaires et militaires connectés à Internet. Si des virus avaient déjà été répandus sur Internet avant celui-ci, Morris a été le premier à prendre des proportions épidémiques. MELISSA, 1999 : Melissa a été l'un des premiers virus connus qui a été répandu par le courrier électronique. Lorsqu'un utilisateur ouvrait un fichier joint à un courrier électronique, le virus envoyait des copies de lui-même aux 50 premières personnes figurant au carnet d'adresses de l'utilisateur, ce qui eut pour effet de couvrir le globe en l'espace de quelques heures. LOVE BUG, 2000 : Egalement répandu au moyen d'un fichier joint à un courrier électronique, Love Bug exploitait la nature humaine, incitant les destinataires à ouvrir le fichier, en se faisant passer pour une lettre d'amour. CODE RED, 2001 : Il exploitait une faille dans la sécurité de programmes de Microsoft. Code Red fut l'un des premiers « vers de réseau » à se répandre rapidement parce qu'il ne nécessitait pour cela qu'une connexion réseau plutôt que l'ouverture d'un fichier joint par une personne. Malgré l'existence de la faille qui fut connue au moment de l'attaque, plusieurs administrateurs de système n'avaient pas encore installé une mise à jour publiée le mois d'avant par Microsoft pour y remédier. BLASTER, 2003 : Blaster tira également profit d'une faille connue dans des programmes Microsoft et, en compagnie de l'épidémie de « SoBig » la même année, figura au nombre des menaces qui incitèrent Microsoft à offrir des récompenses aux personnes qui aideraient les autorités à identifier et à poursuivre en justice les responsables du virus. SASSER, 2004 : Sasser exploitait aussi une faille dans des programmes de Microsoft et faisait en sorte que les ordinateurs corrompus plantaient et redémarraient sans cesse, apparemment le résultat d'une programmation fautive. Si Sasser est loin d'être le dernier programme malicieux, les attaques lancées depuis ont, de façon générale, reçu moins d'attention parce que les administrateurs de réseaux installent des systèmes de protection plus efficaces et que les créateurs de virus en quête de profits font leur possible pour éviter toute détection et risquer la suppression de leurs « œuvres ».