Signalée pour la première fois au Mexique, au printemps de l'année qui s'achève, la grippe A/H1N1, dite grippe porcine, s'est propagée à une vitesse sans précédent à travers le monde pour devenir, quelque mois après son apparition, la première pandémie du 21e siècle. C'est sans conteste un des faits les plus marquants de l'an 2009 et il risque de l'être pour les années à venir, à en croire les spécialistes. Le nombre de décès liés au virus de la grippe A/H1N1 ne cesse de s'alourdir à travers le monde. Le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état de plus de 11.516 morts répartis à travers quelque 208 pays et territoires du monde, autant dire qu'il couvre toute la planète. L'Amérique du Nord reste la région la plus touchée par cette pandémie avec un total de plus de 6.000 morts. Ces statistiques sont toutefois jugées "sous-estimées" par les experts. L'apparition de virus et sa propagation rapide ont provoqué une large mobilisation mondiale, notamment après que des cas de grippe A/H1N1 eurent été signalés en dehors du continent américain, son foyer initial. Aujourd'hui, et même si le pic est désormais dépassé en Amérique du Nord, la prudence et la vigilance restent toujours de mise chez les experts, notamment ceux de l'OMS. En effet, le Dr Keiji Fukuda, conseiller spécial à la direction générale de l'OMS, a averti récemment qu'il était encore "trop tôt" pour dire que la pandémie est "terminée", le virus se propageant toujours à des "niveaux élevés" dans certaines régions d'Europe et en Asie centrale. Le bilan des décès s'alourdit en Algérie L'Algérie, qui a connu son premier cas de grippe A/H1N1 le 20 juin dernier, a enregistré jusqu'à présent plus de 687cas confirmés parmi quelque 8.000 cas probables, dont 42 mortels. Depuis l'apparition de ce virus, le ministère de la Santé dit avoir pris toutes les dispositions nécessaires à même de renforcer les mesures sanitaires pour lutter contre le virus et sa propagation parmi la population. Le plus alarmant, c'est qu'on estime au moins 8000 cas probables. Ces personnes n'ont pas nécessité une hospitalisation, les chiffres avancés par le ministère ne concernent que les cas d'hospitalisation. Les estimations relatives au nombre cumulé de cas probables, qui servent d'indicateurs pour l'adaptation de stratégie de prise en charge et de lutte contre l'épidémie, sont en cours de confrontation avec les données épidémiologiques du réseau de surveillance de grippe qui s'appuie sur les 34 postes sentinelles créés à la date du 13 juillet 2009. Selon le ministère de la Santé, l'augmentation prévisible de la fréquence de nouveaux cas nécessitera de s'appuyer, à l'avenir, sur les données de ce réseau pour préciser l'évolution du taux d'attaque par la grippe A/H1N1 et donc l'incidence réelle de celle-ci. Cette démarche s'appuie sur les méthodes universelles utilisées par les services de santé modernes, particulièrement en matière de surveillance de la grippe. En effet, depuis le 3 décembre 2009, les nouveaux cas confirmés et notifiés ne concernent que les patients dont l'état de santé justifie une hospitalisation. Ceux qui ne nécessitent pas d'hospitalisation sont traités en ambulatoire à base du produit antiviral Oseltamivir disponible au niveau des structures de santé publiques, parapubliques et privées. Le ministre a affirmé, d'autre part, qu' " il n'y avait pas eu d'ouverture de nouveaux centres hormis ceux annoncés précédemment mais qu'il a été procédé à l'amélioration des dispositions, précisant que des appareils et des salles de réanimation d'une capacité de 1040 lits ont été réservés à cet effet ainsi que des lits pour les femmes enceintes dans les services de maternité ". En se référant à des estimations et calculs approximatifs et théoriques établis par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à partir des données nationales, le ministère a fait savoir que le virus A/H1N1 affecte 100 cas sur 100.000 habitants, ajoutant que 27,67% des cas de grippe porcine diagnostiqués sont des écoliers. On craignait la propagation du virus chez les hadjis, mais il semblerait que ces derniers ont été épargnés. Les 36.000 hadjis ont été vaccinés contre la grippe saisonnière avant leur départ vers les Lieux saints de l'Islam, plus de 5.000 personnes, ayant présenté des syndromes grippaux ont été traités avec l'antiviral " Oseltamivir ", plus connu sous l'appellation " Tamiflu ". Ceci dit, deux cas de grippe porcine enregistrés parmi les pèlerins ont été traités. La vaccination tarde à commencer Alors que la pandémie de la grippe A/H1N1 avance à grandes enjambées, la date du lancement de la campagne de vaccination contre cette maladie ne se précise toujours pas. Et pour cause, le certificat de conformité du vaccin n'est toujours pas délivré par les laboratoires en charge de contrôler le médicament en question.Un total de 1,3 million de doses de vaccin contre ce virus, sur quelque 20 millions de doses commandées, a déjà été réceptionné et se trouve actuellement en cours d'analyse. La campagne de vaccination doit commencer incessamment dans plus de 8.000 centres mobilisés à cette fin, selon un ordre de priorité bien établi. Beaucoup d'experts recommandent d'ailleurs vivement de se faire vacciner même tardivement, au regard de la dangerosité de cette forme de grippe et de sa persistance possible durant les années à venir. La vaccination contre la grippe A/H1N1 n'a pas encore commencé en Algérie. Les autorités sanitaires attendent le certificat de conformité du vaccin importé par l'Institut Pasteur d'Algérie. La campagne de vaccination contre cette grippe ne sera lancée que si l'Institut Pasteur d'Algérie libère le vaccin après son contrôle. Les autorités sanitaires attendent en fait le certificat de conformité du nouveau vaccin pour entamer la campagne de vaccination, d'abord par le personnel de la santé, les femmes enceintes puis les services de sécurité. La campagne touchera ensuite d'autres catégories de la population, en fonction de la situation sanitaire. Le ministre de la santé s'est déjà prononcé sur cette question en expliquant que "l'administration n'est pas habilitée à fixer un délai pour le contrôle du vaccin car cette opération passe par des étapes technico-administratives, physico-chimiques et micro-biologiques". Par contre l'Oseltamivir, un traitement pour les personnes qui ne nécessitent pas une hospitalisation, sera disponible gratuitement dans les prochains jours au niveau des officines pour toute personne justifiant d'une ordonnance. Les quantités existantes peuvent traiter jusqu'à 7.500.000 personnes. L'objectif de la vaccination est de protéger les personnes vulnérables contre le risque de contamination, de complications et de décès ainsi que de couper la chaîne de propagation du virus et d'éviter une éventuelle mutation. Le ministrère de la Santé a confirmé l'efficacité du vaccin commandé par l'Algérie, dénommé l'Arepanrix et fabriqué par la filiale canadienne du groupe pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK). Toutefois, le ministre de la Santé a souligné que le vaccin contre la grippe porcine "peut donner des effets secondaires indésirables comme tout produit actif et peut parfois provoquer des réactions allergiques, ce qui est propre à tout genre de vaccin". La campagne de vaccination devrait débuter donc incessamment . Ainsi, elle concernera dans un premier temps le personnel médical, les éléments des corps constitués, les femmes enceintes, l'entourage des bébés de moins de six mois, les enfants âgés de plus de six mois et les jeunes adultes de moins de 24 ans et les malades chroniques. À partir de là, un million de personnes seront vaccinées au mois de janvier, 4,2 millions en février et le reste des personnes le sera suivant le planning de réception des doses de vaccin. Nassima Bensalem