La grande station de Koudiet Eddraouch à El Tarf entre en production à pleine capacité    Tout contrat doit évaluer les opportunités et les risques    Bientôt un groupe de travail entre Sonarem et MCC (China Metallurgical Group Corporation)    Vendre la division du travail et le séquençage stratégique    De la nourriture dans les entrepôts attend le feu vert de l'occupant sioniste    Des centaines de centres de santé et de nutrition fermés    Algérie A' : le sélectionneur national libère Akram Bouras    Championnats arabes d'athlétisme (U18) : 18 pays ont confirmé leur participation au rendez-vous de Tunis    CHAN-2024 : Soudan – Algérie Deux formations amies pour une finale    En fort déclin sur les 20 dernières années    Poursuite des recherches d'un porté disparu par noyade    Un parc de bus vétustes qui met les voyageurs à rude épreuve    Le ministre de la Culture et des Arts préside l'ouverture    « Le raï... entre mémoire, marginalité et modernité », thème d'une conférence à Oran    Célébration du double anniversaire du 20 août 1955-1956    Salon Africa Lounge à Yokohama: le stand algérien suscite l'intérêt des entreprises japonaises    A3+: la solution politique, unique voie pour une paix durable en RDC    Ghaza: des maladies ordinaires deviennent mortelles à cause de la famine    Domestic Airlines: lancement du premier vol Alger-Tamanrasset lundi prochain    Agression sioniste contre Ghaza: le bilan s'élève à 62.263 martyrs    Algérie Poste: une nouvelle carte de paiement électronique pour les nouveaux bacheliers    CHAN 2024: première séance d'entrainement de la sélection algérienne à Zanzibar    De nouvelles réformes législatives pour renforcer la culture et les arts en Algérie    Khenchela : la dépouille mortelle du moudjahid Belkacem Hagass inhumée au cimetière de la commune d'El Hamma    Haltérophilie/Championnat d'Afrique (cadets/juniors): l'Algérie termine sa participation avec 23 médailles dont six en or    L'avis dans le JO de la France sur la suspension de l'Accord de 2013: Une source du MAE souligne le caractère mensonger de l'assertion française    Lancement de la 5ème édition des caravanes médicales à destination des Hauts Plateaux et du Grand Sud    Assainissement: l'ONA lance une campagne nationale de nettoyage des réseaux et canalisations    Foot/ CHAN-2024 (décalé à 2025): la sélection algérienne à pied d'oeuvre à Zanzibar    Secousse tellurique de 3,0 degrés dans la wilaya de Tébessa    Le ministre de la Culture et des Arts préside l'ouverture des "Journées du film révolutionnaire" à Alger    Khenchela: Ouverture de la 2ème édition du festival culturel de la chanson et de la musique chaouies    Le message du Général d'Armée Saïd Chanegriha    L'ONSC organise une rencontre interactive de concertation à Ouled Djellal    Merad rend visite à des familles de victimes à Biskra et Ouled Djellal et leur présente ses condoléances    Chute d'un bus dans l'Oued El Harrach Les dépouilles mortelles de 3 victimes inhumées au cimetière de Biskra    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Rachid Tlemçani. Politologue, chercheur et auteur d'ouvrages politiques
« Nous sommes en plein scénario catastrophe »
Publié dans El Watan le 10 - 09 - 2007

Peut-on faire une lecture politique des derniers attentats, surtout celui qui visait le cortège du chef de l'Etat à Batna ?
La thèse sécuritaire que l'Etat a mise en place est arrivée à ses limites parce que l'attentat de Batna a visé la tête, même si je crois que le Président n'était pas directement ciblé et j'y reviendrai. D'une manière plus globale, la politique sécuritaire a échoué car elle a été appliquée au détriment de la démocratie, selon le principe que le président américain George Bush a « vendu » aux pays arabes. Une vision en plein échec comme on le voit actuellement en Irak. La thèse du tout sécuritaire américaine veut que la stabilité soit garantie uniquement par un leadership fort et non par la démocratie. C'est une vision aux relents racistes : les pays arabes ne sont pas mûrs pour l'exercice de la démocratie.
Si le président Bouteflika n'était pas ciblé, s'agissait-il d'un message ? Lequel ?
L'attentat n'a pas visé le Président. S'ils voulaient l'atteindre, ils l'auraient fait comme par le passé. Il s'agit plutôt d'un signal qui, peut-être, veut dire : il y a des balises à ne pas dépasser. S'attaquer à la corruption est, par exemple, une ligne rouge. D'autre part, la « réconciliation nationale » n'a apparemment satisfait ni les islamistes ni les démocrates. D'où les appels aux rassemblements d'hier (dimanche) qui servent à soutenir l'action du Président. Maintenant, qui sont réellement les protagonistes ? On peut citer plusieurs groupes dont les extrémistes islamistes qui remettent en cause la « réconciliation nationale » telle que mise en application par le président Bouteflika. Il ne faut pas oublier que cela coïncide avec le fait qu'on parle encore de la réhabilitation de l'ex-FIS et de la légitimation de ses responsables historiques. D'ailleurs, je pense que nous vivons dans un pays extraordinaire : comment réhabiliter un parti dissous il y a plus de quinze ans et qui n'est pas connu chez la majorité de notre population, les jeunes qui étaient enfants ou adolescents en 1992 ?!
Vous soutenez que le « tout sécuritaire » a échoué. Pourquoi ?
Ces attaques visent une fraction de l'élite et en plus, la personne la plus élevée — le Président — qui a tous les moyens sécuritaires existants. Après quinze ans de lutte antiterroriste, personne n'est à l'abri. Et puisque personne n'est à l'abri, seule la société civile peut prendre en charge la crise, à condition qu'on la laisse s'exprimer. Il nous faut un sursaut citoyen face à cette grave situation. Nous sommes en plein scénario catastrophe. Ce n'est pas un syndicat (l'UGTA, ndlr) qui doit appeler les gens à manifester. C'est en principe le rôle des partis politiques. Malheureusement, on voit plutôt se dérouler ces rassemblements, une mascarade, du folklore qui nous rappelle les années 1960 !
Mais la société semble verrouillée par une politique autoritaire. Comment pourra-t-elle réagir ?
La politique sécuritaire a mis entre parenthèses la démocratie, la liberté d'expression, la société civile. Le système a verrouillé le champ politique et médiatique, alors que le champ économique est très ouvert. Ce musellement de la parole a été appliqué sous l'alibi sécuritaire. Or, plus un système est démocratique, plus il est sécurisant et sécurisé. Et la crise sécuritaire actuelle va devenir plus grave parce qu'on ne renforce pas la sécurité en mettant derrière chaque citoyen un policier et des caméras à tous les coins de rues. Une société n'est forte que lorsqu'elle repose sur un solide consensus national. Autre facteur grave : la politique du « tout sécuritaire », toujours en verrouillant l'expression démocratique, a renforcé le courant conservateur favorisant l'émergence d'une société archaïque. Malgré son passif culturel, regardez par exemple l'importante évolution du port du voile islamique. Plus dangereux encore, si la crise algérienne s'approfondit, n'importe quel derwich pourrait éveiller ce courant conservateur. Un courant ancré jusque dans les institutions : par exemple, les programmes de la télévision algérienne sont super archaïques !
En l'absence de « consensus national », peut-on parler d'une fracture entre le pouvoir et la société ?
Il s'agit d'une fracture totale. Il n'y a plus de moyens de communication entre les gouvernants et la société, à part la violence. Cette dernière est devenue un moyen de régulation sociale et joue le rôle des institutions démocratiques qui, d'ailleurs, n'existent pas. Il suffit que des jeunes mettent le feu à des pneus pour que le maire entende leurs doléances. Car l'application du « tout sécuritaire » dans un cadre autoritaire permet d'imaginer tous les scénarios, y compris celui du chaos. Au lieu de cela, il faut ouvrir les canaux de communication médiatiques et politiques. Soit c'est l'ouverture, soit c'est le chaos. Dans le second cas, tout le monde est perdant. La situation est déjà explosive au niveau social. Il faut être très prudent face à ce scénario du chaos.
La société est muselée, la crise sécuritaire est grave, est-ce que le système, lui, a mué ?
Il n'a pas évolué. Le système algérien est très cloisonné. Il n'existe pas de communication. Les institutions sont vides, malgré les élections. Il suffit que le Président s'absente un moment pour que rien ne bouge. Aucun ministre, aucun wali n'ose prendre une décision. C'est l'immobilisme, surtout en économie. C'est grave d'arriver à cette situation au XXIe siècle, à l'ère où la communication explose dans tous les domaines. Le pouvoir a toujours été occulte, un pouvoir de rente et de prébende avec une façade démocratique. Il y a toujours une poignée de personnes qui décide, ceux qu'on appelle les « décideurs ». L'Algérie aurait déposé 43 milliards de dollars dans le Trésor américain avec les taux d'intérêts les plus bas. Qui a décidé de cela ? Est-ce que le Parlement a été tenu au courant ? Cela est grave dans la mesure où cet argent, d'une manière ou d'une autre, pourrait servir à financer la guerre en Irak.
L'Algérie est-elle condamnée au scénario du chaos ?
Sans démagogie, je pense que ce scénario n'aura pas de prise sur la société. Les Algériens, après tant de souffrances durant la dernière décennie, sont conscients. Le coût a été trop élevé. Ce n'est pas un hasard si, dans le cas de l'attentat de Batna, l'alerte a été donnée par des citoyens.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.