L'explosion de Batna pose nombre de questionnements tant par son timing que par l'endroit où elle a eu lieu. Plusieurs interrogations viennent à l'esprit suite à l'attentat perpétré jeudi à Batna à quelques minutes de l'arrivée du chef de l'Etat dans la capitale des Aurès. Le tout premier questionnement est de savoir si cette tentative criminelle visait le chef de l'Etat attendu ce jeudi à Batna. Par ailleurs, cet attentat se voulait-il un message? Si oui, pour qui était-il destiné? Est-ce aussi un attentat contre les choix stratégiques de l'Etat au moment où le président de la République était attendu au chef-lieu des Aurès? Par ailleurs, on peut faire un parallèle entre le timing de l'explosion à quelque minutes de l'arrivée de M.Bouteflika et le lieu où l'attentat fut commis à Batna, haut lieu de la Révolution de Novembre 1954. Dans sa réaction à chaud, le chef de l'Etat n'a pas manqué de réitérer les options fortes de l'Algérie aux fins de retrouver son équilibre politique et économique, dont le fer de lance reste la réconciliation nationale et la concorde civile. L'émotion suscitée par le drame de Batna - qui a occasionné la mort de 19 personnes et fait 107 blessés selon un dernier bilan donné par les services de sécurité - est à la mesure de la barbarie d'un crime dont l'objectif était de faire le plus de victimes, comme de mettre l'Algérie à feu et à sang. Et des victimes, innocentes, il y en a eu malheureusement. Mais au-delà des victimes de cette journée sanglante du jeudi, il faut relever que le terrorisme islamiste semble avoir franchi un nouveau palier en s'attaquant aux symboles même de l'Etat, le président de la République, en visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Batna, à quelques mois plus tôt contre le Palais du gouvernement, à Alger. Que le chef de l'Etat ait été directement visé - il n'était pas encore à Batna au moment de l'explosion - ou non, le ou les commanditaire(s) cherchaient surtout à frapper l'Algérie et à susciter le chaos dans un pays qui, malgré les vicissitudes de ces dernières années, est demeuré debout. La bombe de Batna voulait réveiller les vieux démons. En dépit de sa persistance, le terrorisme - aujourd'hui transfrontière - acculé, a bel et bien perdu son combat contre l'Algérie qui relève peu à peu la tête et retrouve sa place dans le monde. Les commanditaires de l'explosion qui a secoué jeudi Batna -l'attentat n'avait toujours pas été revendiqué hier vendredi - se sont en fait attaqué à la stabilité même du pays, espérant le replonger dans le chaos des années 90. Il ne fait pas de doute, cependant, que ceux-là, déjà derrière les attentats contre le palais du gouvernement à Alger et le commissariat de Bab Ezzouar le 11 avril ou l'attaque, le 11 juillet contre la caserne de Lakhdaria notamment, sont les mêmes qui ont actionné le 6 septembre le kamikaze de Batna. Le but de cet attentat est clair et l'on imagine sans peine ce qu'il en serait advenu pour le pays si leur dessein s'était réalisé. Il est évident qu'après avoir échoué dans leur projet pour l'Algérie, les dernières phalanges intégristes tentent par tous les moyens de mettre le pays à feu et sang comme l'indiquent clairement autant l'attentat de jeudi à Batna visant - il ne fait pas de doute - le président de la République, que l'attentat du 11 avril contre le Palais du gouvernement l'autre symbole de l'Etat souverain. Comme à Alger le 11 avril, les terroristes et leurs commanditaires à Batna ont encore échoué à ébranler la détermination de l'Algérie à faire échec à l'extrémisme et à ses commanditaires qu'ils soient nationaux et/ou étrangers. Et ce n'est pas le fait du hasard si le chef de l'Etat a indiqué: «Ces actes profitent à des intérêts étrangers, des capitales étrangères et des dirigeants étrangers.» Au message de paix que lance l'Algérie en ouvrant ses bras à «ceux qui ont perdu le droit chemin» par l'instauration de la réconciliation nationale et de la concorde civile, les terroristes répondent continûment par des messages de mort comme ils l'ont fait jeudi à Batna et tout récemment à Alger, à Lakhdaria et à Yakouren. Mais le terrorisme islamiste, qui a perdu sa couverture politique, a aussi perdu ses dernières batailles et de fait la guerre qu'il a imposée durant toutes ces années à l'Algérie et aux Algériens. Mais toute résiduelle qu'elle soit, la nuisance terroriste fait encore du mal aux innocents et aux Algériens dont le sang continue de couler, comme jeudi à Batna.