Karim Ziad était en concert samedi et dimanche derniers à la salle Ibn Zeydoun à Alger. Le batteur, accompagné de son combo a donné à entendre son dernier album Chabiba, un titre qui s'apparente à un appel jovial et populaire déboulant les gradins. La sortie du deuxième opus de Karim Ziad, le 8 novembre, a ainsi été fêtée à Alger avant de l'être en France, ce soir au Cabaret Sauvage à Paris. La primeur algérienne devait démarrer de Constantine, ville d'adoption musicale de cet artiste multi-instrumentiste. Le deuil national décrété suite à la mort du souverain émirati a écourté cette petite tournée qui en appelle une autre, plus importante, prévue à partir de mars 2005, date de la tenue du Dimajazz à Constantine. Cette rencontre musicale a rassemblé dans sa précédente édition, en sus de la participation de Ziad devenu enfant du Rocher, Mourad Benhammou, les Belges d'Aka Moon et de Greetings from Mercury, et le trio Nelson Veras... Chabiba, un nouveau cri de joie mélancolique, où Karim Ziad invoque avec obstination ses influences génétiquement nord-africaines, comporte une dizaine de titres, qui, à l'opposé d'Ifrikya, sont tous chantés. Epaulé sur la scène d'Ibn Zeydoun par des indéfectibles dont Michel Alibo, à la basse, et David Aubail aux claviers, Karim Ziad a fait face à une salle comble. Une affluence que cette salle connaît à des moments exceptionnels. De Jamagaro, morceau gnawa algérois de la confrérie « les enfants de Sidna Bilal », à Katibala, morceau gnawa chanté selon la tradition algérienne jusqu'à sa moitié, et ensuite selon la tradition marocaine, en passant par Chabiba où il évoque, sur des rythmes traditionnels populaires kabyles, la jeunesse algérienne aux cheveux gris et pose la question de « qui pleure sur leur sort ? », Karim Ziad a déployé l'éventail de ses préoccupations textuelles, rythmiques et mélodiques. Explosif à la batterie, Ziad a convaincu Oumou Sangaré, Nguyen Lê, Bojan Zulfikarpasic, Loy Ehrlich, Linley Marthes, Aziz Sahmaoui et Mehdi Askeur (ONB), de se joindre à la confection de son deuxième CD qui marque un tournant de sa carrière musicale. La diffusion en Algérie de l'album Chabiba n'est pas tranchée. Le collectif Yam qui accompagne Karim Ziad en Algérie ne s'est pas, hier encore, prononcé sur l'identité de l'éditeur qui prendra l'album en charge. Dans le meilleurs des cas, il faudra attendre quelques jours.