En prévision de son prochain album prévu avant l´été, le "petit prince" revisitera les plus beaux titres de son ancien album sorti en 2001. En ces temps pluvieux du mois de février, le célèbre batteur Karim Ziad est venu jeudi dernier, accompagné de sa formation Ifrikia jeter de la chaleur dans la salle El Mougar. Comme à l'accoutumée, le nom de Karim Ziad suffit à lui tout seul pour faire déplacer du monde. Aussi, quand le concert débute vers 20h 30, il n'y avait pas une chaise vide. Même les escaliers étaient occupés. On fait contre mauvaise fortune bon coeur pour ne pas rater le concert. La salle est archicomble. Le groupe entame le concert par «Ya Ridjal» louant les trois prophètes. Une belle leçon de tolérance, surtout en ce temps de relents de croisades... «Merci d'être venus si nombreux !», déclare Karim Ziad à l'adresse du public. Il est entouré par ses excellents musiciens qu'il nomme: Michel Alibo «dialna» à la basse, Aziz Sahmaoui, le Marocain au chant et à la petite percussion (sorte de kherchate), Vincent Mascart au saxophone, Mohamed Menni à la derbouka, David Aubail au clavier et à la flûte. Karim Ziad revisitera les superbes morceaux de son album Ifirikia (2001), puisant toujours dans le meilleur de son jeu mêlant l'énergie à l'émotion. Une musique aux rythmes de la fusion jazz-gnawi-berbéro-maghrébi. Et ça chauffe de plus en plus. «Ya ridjal», «Lebnia», «Sendiya», «Alouhid», etc., et «Chabiba», titre phare de son second Album en finish. Le public chèche au vent, debout ne cesse de danser. Les inconditionnels de la musique hard-rock semblent se reconvertir avec puissance au gnawi. En attestent leur dégaine et chevelure qu'ils battront en l'air en osmose avec la musique spirituelle de Karim Ziad. «Zaouia» interprétée par Aziz Sahmaoui est un des moments forts du concert, sans oublier le titre «Chachia timanbara» ou encore Karim Ziad qui, au gumbri et au chant, fera rayonner en force puis en douceur tout l'amour, la tolérance et les rythmes des populations noires du Maghreb qu'il répandra sur la scène d'El Mougar. «Depuis Constantine, les choses ont évolué», nous confiera Karim Ziad dans les coulisses. «Je prépare un nouvel album, après Chabiba qui sortira avant l'été. On reviendra incha'Allah le jouer ici. J'ai enregistré une partie de l'album au mois de décembre dernier à Alger. J'ai pris des voix notamment du groupe Diwane Dz'ayir. Je suis parti au Maroc et j'ai fait appel à Hamid Elkassri et Abdelkbrir Merchan qui chanteront dans le disque.» Aziz Sehmaoui a écrit un superbe morceau qui s'intitule «Tem temmaki».Un album qui sera à l'évidence gorgé de sonorités multiples. «J'ai même été en Arménie et fait appel à quelques musiciens de là-bas.» Quand on évoque le nom de Constantine, Karim, tout de go, regrette amèrement qu'on ne l'ait pas invité à l'hommage de Aziz Djemam, l'autre icône de la batterie du groupe Sinouj qui est décédé l'an dernier. «Je serai venu avec mon groupe pour y participer gratuitement. Constantine ne m'a pas appelé cette année. J'irai peut-être en vacances.» Pour info, Karim Ziad qui continue à tourner avec Joe Zawinul, évolue dans un autre groupe de jazz, Bozino, aux côtés du talentueux pianiste Bowan Z. et un certain Julien L., un très grand saxophoniste. «C'est vraiment un groupe de jazz aux multiples influences: des Balkans et du Maghreb. J'espère aussi venir avec cette formation ici, à Alger.» Karim Ziad, faut-il le souligner, est un des directeurs artistiques du festival des musiques sacrées et gnaoua d'Essaouira, au Maroc. Un festival qui, nous apprend-on, avait commencé avec 20.000 spectateurs et en est aujourd'hui à quelque 30 à 40.000 spectateurs. «C'est vraiment l'exemple de la bonne organisation. On y vient de partout. Il commence à être connu mondialement aux Etats-Unis, au Japon... Avec Abdeslam Arikam, un gnawi d'Essaouira, Evan Tarlich, on essaye de concocter une belle programmation. On a déjà invité Diwane D'zayir. Cette année j'invite Diwane gaâda de Béchar», nous a confié Karim Ziad. Une bonne chose, en attendant l'organisation de notre festival de musique gnawie qui mériterait entièrement sa place en Algérie. Il n'y a qu'à voir tous ses nombreux fans.