Un univers coloré qui fait sonner les rythmes berbères et gnawas dans un glissement jazzy des plus vifs... Dire que c'était Ifrikya bis, ceci n'est pas un reproche. Loin s'en faut ! tant Karim Ziad reste fidèle à lui-même et à sa musique dont la griffe reste reconnaissable entre mille. Un style confirmé qui allie sonorités traditionnelles et modernes en parfaite symbiose. Sur initiative de Yam Production, Karim Ziad et ses potes de musiciens, à savoir Michel Alibo à la basse, Vincent Mascart au sax, David Aubail au clavier, Aziz Sahmaoui de l'ONB au chant et percussion (bendir et kherkhachat) et Mohamed Menni à la derbouka et karkabou, ont fait vibrer samedi soir la salle Ibn Zeydoun de l'Oref. L'héritage afro-maghrébin revendiqué à fond la caisse est célébré dans la liesse et la sueur d'un Karim Ziad qui donnera une véritable leçon de batterie! La fête au rendez-vous, l'occasion de ces retrouvailles est encore plus forte, plus symbolique, la sortie mondiale de son nouvel album Chabiba dont il nous fera une large démonstration, in live. Un album qu'il dédie à notre jeunesse «une des plus malheureuses dans le monde». Karim Ziad, fort de sa renommée, a entraîné du beau monde ce soir-là. Tous acquis à son univers coloré qui fait sonner les rythmes berbères et gnawas dans un glissement jazzy, le tout enveloppé dans une aura, avant tout maghrébine. Avec un peu de retard tout de même, le concert débutera vers 21h45. Quand on a vu comment Karim Ziad s'est déchaîné sur sa batterie, on se dit que l'attente en valait bien la chandelle. C'est que même dans les coulisses, il fait travailler les bras et les mains. Le jeu de lumière signé Visa Production, soulignait davantage cette atmosphère chaleureuse qui régnait dans la salle où rayonnait le visage des musiciens. L'entame se veut un rappel des plus connus The Jocker. Pour le coup, c'est David Aubail qui remplace Bojem Zulfikarpasic. Et c'est le son de la flûte suivi du bendir qui viennent chatouiller vos oreilles. Ya ridjal est revisité et c'est Rijal Allah dans une version plus maghrébine qui nous est servie. Celle-ci figure dans l'album Chabiba. Ce dernier nous est déroulé en vrac et en souplesse. On y trouve Ouine ensébek l'amour comme pour invoquer la paix de l'âme et le bonheur enfin. Aziz Sahmaoui hypnotise par sa voix chaude qui épouse les contours de la percussion et fait plonger le public dans cette atmosphère gnawa hedi à la cadence jazz. La ilaha ill Allah est une «chahada» dans la pure tradition aïssaoua qui finit par invoquer le Seigneur et Ses louanges jusqu'à la transe. Menni chante Djamengaro, autre titre qui salue cette fois Moulana Ibrahim et ses saints. On se lâche et c'est l'affrontement derbouka-batterie qui met le public en effusion. L'Afrique, en effet, coule dans nos veines assurément. L'Afrique majestueuse, impétueuse et insolente comme une femme rebelle qui ne demande qu'à s'affirmer. Mais après la tempête revoilà le calme et la douceur avec El Mouima, ode à la maman. Et puis voilà le titre-phare de l'album Chabiba qui met le public en effervescence avec son tempo radicalement percussif, intempestif, hymne à notre jeunesse. Un album que vous retrouverez sur le marché dans les semaines à venir. Le concert, bien que court, se termine en apothéose avec Ifrikya, le retour aux sources et s'achève dans un duo des plus tribals: Alibo-Ziad dans la frénésie et une folie, prouvant encore une fois que ce Karim est un sacré monstre de la batterie. Michel est pas mal non plus... Epoustouflant, le concert. Cela a dû être certainement pareil hier soir...Un refrain nous vient ainsi en mémoire: «Quand la musique est bonne, quand la musique sonne, sonne et ne triche pas»...