Les négociations pour une augmentation du prix du gaz vendu par Sonatrach à Gas Natural à travers le gazoduc Maghreb-Europe (GME) reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc « n'ont pas beaucoup avancé », a indiqué hier à la Chaîne III le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, repris par l'APS. Les pourparlers continueront les semaines à venir. Le désaccord entre les deux parties est né suite à la demande de Sonatrach, il y a deux ans, pour la renégociation du prix du gaz acheminé par le GME, en application d'une clause dite « de bouleversement », au moment où les prix du pétrole brut, sur lesquels sont indexés les prix du gaz naturel, ont connu une hausse substantielle. La compagnie algérienne souhaite augmenter le prix en question de 20% en deux étapes sur une année. Elle a sollicité l'arbitrage international pour faire aboutir cette requête. L'Algérie exporte du gaz vers l'Espagne pour environ 9 milliards de dollars par an. Le ministre est revenu sur la résiliation par Sonatrach du contrat du projet intégré de Gassi Touil conclu en 2004 avec les groupes espagnols Repsol et Gas Natural. Il a tenu à souligner que cette décision n'est pas intervenue soudainement mais fait suite à de longues négociations qui n'ont pas abouti à un compromis. Il a rappelé que Sonatrach a eu recours à un arbitrage international pour obtenir « des compensations pour le retard et pour le fait qu'elle ne peut pas disposer du GNL qu'elle devait obtenir à partir de 2009 dans ce projet ». M. Khelil a par ailleurs confirmé qu'un accord a été trouvé dans le cadre du contentieux qui opposait Sonatrach à l'Espagne concernant la part de gaz que l'entreprise nationale des hydrocarbures est autorisée à commercialiser sur le marché espagnol dans le cadre du projet de gazoduc Medgaz. Sonatrach s'était heurtée dans un premier temps à l'intransigeance de la Commission nationale de l'énergie espagnole (CNE). Cette dernière avait, en mai dernier, conditionné l'augmentation des droits de vote de Sonatrach correspondant à sa participation additionnelle de 16% dans la société Medgaz par une limitation du volume de gaz à commercialiser sur le sol espagnol à 1 milliard m3 au lieu des 3 milliards m3 qu'elle possède dans le projet. La CNE a en outre exigé de Sonatrach de ne pas descendre en dessous de 80% dans ses acheminements de gaz à travers le gazoduc (8 milliards de m3 par an). La compagnie nationale a déposé un recours le 8 juin dernier auprès du ministère espagnol de l'Industrie et du Tourisme pour arbitrer ce conflit. Selon M. Khelil, Sonatrach a fait les frais de la nouvelle loi sur les hydrocarbures espagnole entrée en vigueur en 2006 et qui a été appliquée pour la première fois à la compagnie nationale. Le ministre a confié par ailleurs que la dernière décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d'augmenter sa production de 500 000 b/j arrangeait beaucoup l'Algérie qui de cette façon a réajusté son quota à l'instar de plusieurs autres membres de cette organisation. Le quota algérien avoisine 1,450 million de barils par jour, a précisé M. Khelil. « C'est le quota que l'Algérie a demandé en 2000 et pour lequel on a beaucoup travaillé pour l'obtenir durant la dernière réunion de l'organisation », a-t-il expliqué. Dans le même registre, le ministre a révélé que l'Algérie n'a pas exploité complètement son territoire qui est de 1,450 million de km2 de surface sédimentaire, alors qu'elle n'a foré jusqu'à maintenant que 9 puits en moyenne par 10 000 km2, contre une fourchette de 50-100 puits dans plusieurs autres pays. Les réserves pétrolières de l'Algérie formellement recensées seraient actuellement de 38 milliards de barils, soit le même volume qu'en 1971, a-t-il ajouté.