Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a confirmé, hier à Alger, la fin du contentieux qui opposait Sonatrach à l'Espagne concernant la part de gaz que l'entreprise nationale des hydrocarbures est autorisée à commercialiser sur le marché espagnol dans le cadre du projet de gazoduc Medgaz “Le 19 juillet, nous sommes parvenus à un accord avec les autorités espagnoles qui sont revenues sur leurs précédentes décisions”, a déclaré le ministre lors d'une émission de la radio nationale chaîne III. “Il n'y a plus de problème sur le Medgaz”, a-t-il ajouté. En mai dernier, la Commission nationale de l'énergie espagnole (CNE) avait conditionné l'augmentation des droits de vote de Sonatrach correspondant à sa participation additionnelle de 16% dans la société Medgaz par une limitation du volume de gaz à commercialiser sur le sol espagnol à 1 milliard au lieu des 3 milliards de m3 qu'elle possède. Elle oblige, en outre, Sonatrach à ne pas descendre en dessous de 80% dans ses acheminements de gaz à travers le gazoduc (8 milliards de m3 par an). Suite à cette décision, Sonatrach a envoyé, le 8 juin dernier, un recours au ministère espagnol de l'Industrie et du Tourisme. M. Khelil a rappelé que ces conditions avaient été imposées à Sonatrach dans le cadre d'une loi espagnole sur les hydrocarbures sortie en 2006 et qui a été appliquée pour la première fois à la compagnie algérienne. Par ailleurs, et à une question sur le manque à gagner qu'accuserait l'Algérie à la suite de la résiliation du contrat gazier de Gassi Touil avec les sociétés espagnoles Repsol et Gas Natural, le ministre a indiqué que Sonatrach avait demandé dans le cadre d'un arbitrage international, “des compensations pour le retard et pour le fait qu'elle ne peut pas disposer du GNL qu'elle devait obtenir à partir de 2009 dans ce projet”. Sonatrach a annoncé, début septembre, avoir résilié le contrat conclu en 2004 avec ces sociétés pour le projet intégré de développement du gisement de Gassi Touil qui devait être achevé en novembre 2009. Cette résiliation est intervenue en application de clauses du contrat, du fait de l'inexécution par Repsol et Gas Natural de leurs obligations contractuelles, qui a entraîné des retards et des dépassements de coûts très importants, et de leur incapacité de redresser la situation “en dépit de nombreuses mises en garde de Sonatrach”, avait précisé l'entreprise nationale dans un communiqué. Le ministre a souligné que cette décision n'était pas intervenue soudainement, puisque les négociations ont duré plus d'une année. Concernant le problème du prix du gaz vendu par Sonatrach à Gas Natural à travers le gazoduc Maghreb-Europe (GME), reliant l'Algérie à l'Espagne via le Maroc, le ministre a indiqué que les négociations “n'ont pas beaucoup avancé”, tout en souhaitant qu'elles progressent rapidement dans les semaines à venir. Prix du gaz vendu à l'Espagne : Les négociations n'ont pas avancé Sonatrach avait entamé, il y a deux ans, des négociations sur la révision à la hausse du prix du gaz acheminé par le GME, en application d'une clause dite “de bouleversement”, au moment où les prix du pétrole brut ont commencé à s'envoler. Du fait que les prix du gaz naturel sont indexés sur les prix du pétrole brut, Sonatrach a demandé à renégocier les prix de ces contrats en tenant compte de ces “bouleversements” et a décidé d'aller à l'arbitrage international pour demander leur réajustement. L'Algérie, qui exporte du gaz à l'Espagne pour environ 9 milliards de dollars par an, veut augmenter le prix de 20% en deux étapes sur une année, de façon à limiter l'impact de ce réajustement sur le consommateur final espagnol. À une question sur la répartition des quotas entre les pays membres de l'Opep, le ministre a souligné que la décision prise par l'Opep d'augmenter sa production de 500 000 barils s'inscrivait justement dans la perspective d'allouer de nouveaux quotas au différends pays de l'organisation. Actuellement, beaucoup de pays de l'Opep produisent au-dessus de leurs quotas officiels parmi eux l'Algérie dont le quota avoisine les 1,450 million de barils/j. “C'est le quota que l'Algérie a demandé en 2000 et pour lequel on a beaucoup travaillé pour l'obtenir durant la dernière réunion de l'organisation”, s'est réjoui M. Khelil. Il a souligné, dans ce contexte, que l'objectif de cette augmentation du plafond de production de l'Opep était d'essayer de répondre à une demande additionnelle sur le marché qui a engendré une envolée des prix de brut au-delà des 80 dollars le baril. La décision de l'Opep d'augmenter sa production de pétrole sera applicable dès le 1er novembre prochain. Concernant les réserves pétrolières de l'Algérie, M. Khelil a indiqué que celles qui sont formellement recensées se situaient actuellement aux alentours de 38 milliards de barils, soit le même volume qu'en 1971. L'Algérie n'a pas exploité complètement son territoire qui est de 1,450 millions de km2 de surface sédimentaire, alors qu'elle n'a foré jusqu'à maintenant que 9 puits en moyenne par 10 000 km2, contre une fourchette de 50 à 100 puits dans plusieurs autres pays. Synthèse R. E.