Des musulmans de Belgique, rencontrés jeudi, premier jour du Ramadhan, à Bruxelles, ont exprimé leur joie d'observer le jeûne, mais regretté l'absence de l'atmosphère empreinte de ferveur et de fraternité qui accompagne habituellement ce grand événement religieux, spécial aux pays musulmans. Des personnes, parmi les centaines d'hommes et de femmes, venus s'approvisionner au marché hebdomadaire du quartier à majorité musulmane Molenbeek, achalandé en produits nécessaires tant à la préparation de la célèbre h'rira, chorba, de l'ham lahlou ou des boureks, soutiennent que leur vœu le plus cher et qu'ils puissent, à cette occasion, « se rendre au pays pour observer le jeûne avec la grande famille ». Fadila, Algérienne, arrivée en Belgique il y a 5 ans, a dit : « Ce qui me peine, c'est que la communauté algérienne, minoritaire dans ce pays, soit dispersée, et qu'elle ne puisse pas s'organiser pour mettre en place des programmes, ou réserve des lieux de rencontres pour fêter dans la fraternité et la joie ce mois sacré. » « Imaginez-vous, même le jour de l'Aïd les gens ne se rendent pas visites. C'est triste », déplore-t-elle. Une autre Algérienne , Zoulikha, qui partage, elle aussi, les mêmes préoccupations que Fadila, est nostalgique, pour sa part, « des odeurs spécifiques au mois du Ramadhan, qui se dégagent de toutes les maisons algériennes ». « Quand je passais dan les rues de Aïn Témouchent, j'humais les odeurs de la h'rira, de l'ham lahlou et de la zlabia », regrette-t-elle. Dans cette atmosphère de nostalgie, d'autres gardent, néanmoins, leur élan de générosité, à l'image de M. Chihab, un restaurateur d'origine marocaine. Durant le mois de carême, M. Chihab offre la h'rira gratuitement aux musulmans. « C'est impensable, dit-il, qu'on fasse payer la h'rira à un musulman pendant ce mois sacré. » Tous les autres restaurateurs musulmans font de même, affirme-t-il. Quatre cent mille musulmans, de différentes nationalités, vivent actuellement en Belgique.