Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs reconnaît que la mosquée ne joue pas son rôle dans la formation de la société. « La mosquée a un rôle sur les plans social, économique, culturel, de l'adoration…, mais est-ce que ces rôles sont dans le niveau demandé ? », s'est interrogé Bouabdellah Ghlamallah, samedi soir, lors d'une conférence sur le thème « La mosquée, un espace du dialogue et du savoir », organisée à la Bibliothèque nationale. La réponse du ministre est : « Non, nous sommes très loin du rôle qui devrait être attribué à la mosquée. » Pour le premier responsable des affaires religieuses, « il faut offrir à la mosquée des moyens ». Lesquels ? M. Ghlamallah exhorte, dans ce cadre, les intellectuels à aider la mosquée à jouer son rôle en tant que centre de mutation socioculturelle de la nation. « L'enseignement et le prêche dans la mosquée doivent être confiés à des enseignants universitaires, eu égard à l'importance de la mosquée sur tous les plans », a souligné le ministre. M. Ghlamallah a estimé que l'individu, et partant la société, a besoin de la mosquée comme lieu d'exercice de son besoin d'adoration, autant que ses besoins sécuritaire, alimentaire et autres. Le ministre a mis l'accent sur le rôle de l'imam « qui se substitue au premier imam, le Prophète Mohamed (QSSSL) », affirmant qu'il doit être un facteur de changement social, en étant conscient, intellectuel qu'il est, des évolutions de la société et de l'importance de son rôle. En Algérie, a-t-il regretté, par ailleurs, « on a tenté de créer des conseils scientifiques au niveau de chaque wilaya, mais cela n'a pas eu le succès escompté, car beaucoup de nos intellectuels se placent au-dessus de l'institution religieuse ». Interrogé par ailleurs sur les cas de dépassements de certains imams, n'hésitant pas à verser dans des prêches subversifs, le ministre nie l'existence de « dépassements » et préfère parler de « problèmes » dans les mosquées. « Je ne crois pas qu'il n'y a pas de dépassements, mais certainement les imams ne sont pas tous du même niveau », a-t-il dit. Le ministre a ainsi reconnu qu'il y a un déficit en termes de formation des imams, appelant dans ce sens à leur meilleure prise en charge. En tout cas, avertit le ministre, « s'il y a des dépassements, il y a des lois et personne n'a le droit d'utiliser un établissement de la société à ses fins ou à des fins dont l'établissement n'est pas constitué ». Le ministre rappelle dans ce cadre que les mosquées ne sont pas contrôlées. « Ce sont seulement les imams qui les prennent en charge », a-t-il précisé. Une affirmation lourde de sens lorsqu'on sait que les mosquées constituent des institutions d'Etat à part entière, révélant ainsi le déficit flagrant en inspecteurs de mosquée. Interrogé sur la mise en place d'une stratégie de gestion des mosquées, le ministre a estimé qu'outre le facteur temps, cela nécessite d'importants moyens. A une question sur l'absence de salles de prière dans certaines entreprises, le ministre a assuré que « le ministère des Affaires religieuses est disposé à désigner des imams au niveau des salles de prière » que les entreprises consentent à aménager, rappelant que son département ne peut pas obliger ceux ne l'ayant pas fait à le faire.