Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a soigneusement évité, hier à Béjaïa, d'aborder le sujet de l'évangélisation. Devant les imams et les responsables du secteur Bouabdellah Ghlamallah s'est contenté d'un discours axé essentiellement sur le rôle de l'imam dans la société. En écartant le sujet, le ministre voulait sans doute calmer le jeu et ne pas amplifier la polémique dans une région accusée à tort de favoriser l'épanouissement de la religion chrétienne. Le ministre a estimé que l'Islam se porte bien à Béjaïa, eu égard à la demande d'affectation d'imams. Les chiffres donnés par le responsable du secteur donnent à la religion de l'Islam une place prépondérante à Béjaïa. 500 mosquées sont répertoriées officiellement sans compter celles contrôlées directement par les populations des villages. A Béjaïa, tous les villages sont pratiquement dotés de mosquées très souvent construites par les villageois qui vivent leur foi dans la sérénité. La majorité des mosquées sont contrôlées par des imams. Actuellement, 105 mosquées sont sans imams. Ce n'est pas faute d'imams, mais plutôt de la langue utilisée et du statut social des imams. En effet, les populations des villages refusent d'accueillir des imams célibataires ne maîtrisant pas le parler local. Dans ces contrées, la prière est officiée par un volontaire du village. Jadis, la mosquée était gérée par les villageois qui prennent en charge aussi bien le salaire de l'imam que son logement offert à titre gracieux. Ces dernières années, l'Etat a beaucoup travaillé avec les comités de villages. En prenant en charge l'imam, l'Etat a soulagé les villageois d'une dépense qu'ils consacrent aujourd'hui aux autres besoins de la collectivité. Par ailleurs, la wilaya de Béjaïa sera dotée d'un nouveau centre islamique à l'image de celui existant à Ihaddaden. La direction du secteur aura bientôt son nouveau siège. 1280 talebs dont 400 femmes suivent actuellement une formation religieuse d'imam au niveau des zaouias de la wilaya de Béjaïa. La zakat a rapporté cette année 6 millions de dinars. Cette somme collectée a profité à 660 familles démunies de la basse Kabylie. A l'heure où nous mettons sous presse, le ministre se réunissait avec les responsables du mouvement associatif religieux de la wilaya. Une autre occasion pour le ministre d'aborder la situation de la religion à Béjaïa et surtout d'écouter les préoccupations des acteurs qui interviennent directement dans le secteur.