Cheikh Amine, l'imam de la mosquée du quartier huppé de Kouba, à Alger, est actuellement en détention à Boumerdès, pour une affaire d'endoctrinement de jeunes adolescents au « djihad ». Selon des sources sécuritaires, son arrestation est intervenue après la reddition de jeunes recrues du GSPC dans la région et qui l'auraient accusé de les avoir encouragés à s'enrôler dans les rangs de l'organisation terroriste salafiste, pour aller « combattre » en Irak. Un mandat d'arrêt a été lancé contre lui par le tribunal de Boudouaou, avant qu'il ne soit arrêté et mis sous mandat de dépôt pour apologie au terrorisme, un crime pour lequel le code pénal prévoit une peine allant de 5 à 10 ans de réclusion criminelle. A cette affaire s'ajoute celle de Nabil Belkacemi, un adolescent de 15 ans qui s'est tué en faisant exploser un camion dans une caserne des gardes-côtes à Dellys, le 8 septembre dernier, faisant plus d'une trentaine de morts et autant de blessés. La famille du kamikaze a révélé que ce dernier était un adepte des prêches de cheikh Amine. « Il fréquentait régulièrement cette mosquée et suivait avec attention les prêches et les halakate de cheikh Amine. Il a réveillé en lui le désir d'aller combattre aux côtés des Irakiens », a déclaré la mère de Nabil. Son témoignage n'est pas le seul. De nombreux repentis et terroristes arrêtés ont tenu les mêmes propos et précisé avoir pris le chemin du maquis après avoir fréquenté la mosquée de l'Apreuval, notamment les prêches de cheikh Amine. Nos sources affirment par ailleurs que de nombreux écrits des services de sécurité dénonçaient les prêches encourageant le « djihad » en Irak de l'imam mais aucune réaction n'a été enregistrée de la part de la direction des affaires religieuses, dont dépendait l'imam. C'est, une fois qu'il a été mis en prison, qu'un autre imam a été installé à sa place. Plus grave. De nombreuses plaintes déposées par les habitants du quartier contre les prêches incendiaires de l'imam sont restées sans réponse. Cette inertie des autorités laisse perplexe. Comment des imams payés aux frais du contribuable peuvent-ils se transformer en recruteurs pour le GSPC, sans que le ministère des Affaires religieuses ne réagisse ? Et la mosquée de l'Apreuval n'est pas un cas isolé, puisque la presse a fait état cette semaine d'un imam dans une mosquée de Mostaganem, dont les prêches sont régulièrement consacrés au djihad. L'Etat n'a-t-il toujours pas de contrôle sur les mosquées après une décennie de crimes et de dévastation commis au nom de la religion ? Combien de jeunes ont-ils été endoctrinés pour servir de chair à canon aux semeurs de la mort avant que les institutions de l'Etat ne réagissent ? Des dizaines, peut-être même des centaines. La mère de Nabil est formelle. Son fils lui a révélé que le soir même où il a pris le chemin des maquis, une dizaine d'adolescents ont fait partie du voyage vers l'enfer. Parmi eux, quatre ont été transformés en bombes humaines.