Après plus de quarante ans de bons et loyaux services, Azzedine Cherrad, sous-intendant du lycée Mohamed Kerouani ( ex-Eugène Albertini), est sur le point de remettre le témoin. Avant de quitter ce séculaire sanctuaire, qui a formé de nombreux intellectuels et commis de l'Etat, le fonctionnaire ayant côtoyé des cadres et personnalités, prendra congé de l'institution avec, à la clé, un « testament » fort instructif contenant, en sus des informations historiques de grande importance, restées, des décennies durant, hors de connaissance du commun des mortels. En fouinant dans les archives, cet ancien élève du lycée amasse d'innombrables faits ayant fabriqué le prestige et la régulation de l'institution, qui ont formé Kateb Yacine, Abdelhamid Benzine, Nouredine Aba, Mahmoud Benmahmoud, et bien d'autres têtes pensantes de l'Algérie contemporaine. Composé de quatre parties, le testament relatant à travers ces périodes les points forts de ce haut lieu de l'éducation, de la culture et du savoir est désormais un document-référence et un éclairage historique sur la longue et riche histoire de cet autre temple du nationalisme. En parcourant sommairement le document en question, on est vite attiré par les décisions 3819, 3821 de déchéance de bourse et d'exclusion, prononcées par le recteur de l'académie d'Alger en mai 1945, à l'encontre de Mostefaï Seghir, Mahmoud Benmahmoud, Maïza Mohamed-Tahar, Abdelhamid Benzine, Mohamed Torche, Kateb Yacine et Abdelkader Zeriati. Une information déterrée soixante ans après. Ne voulant pas sortir du « bahut » les mains vides, Azzedine M., qui « pond » un testament d'importance, mérite, le moins que l'on puisse dire, chapeau bas.