Délaissé des années durant, le lycée Mohamed Kerouani (ex-Eugène Albertini), un bastion du savoir et du patriotisme ayant enfanté des preux et grands lettrés, tels Bachir Boumaza, les frères Benmahmoud, Abdelhamid Benzine, Kateb Yacine, Mostefaï Mohamed Segheir, Mohamed Seddik Benyahia, les frères Keramane, Belaïd Abdeslam et bien d'autres personnalités, fait actuellement peau neuve. Faute d'une bonne gestion, l'institution construite en 1872, qui a pourtant formé de grands nationalistes et hommes d'etat, est tombée, ces dernières années, dans les abysses des mauvais résultats. Ne pouvant rester indifférents devant les innombrables dégâts causés à leur lycée, les anciens se sont mobilisés pour redorer le blason de ce temple de la connaissance et du militantisme. Les démarches des anciens élèves, qui désirent redonner à leur établissement ses lettres de noblesse et dont la notoriété a dépassé nos frontières, trouvent, après moult démarches, des oreilles attentives. Pour entamer la première opération de réhabilitation, une enveloppe de plus de 150 millions de dinars a été allouée par les pouvoirs publics. La finalité de cette rénovation serait que le lycée reprenne son aspect originel. Les quatre cours de récréation devront retrouver le composant de ce qui faisait leur fonctionnalité, à savoir leur bitumage. La salle de sport, considérée comme la plus grande et la mieux équipée de l'Est algérien, devra conserver son parquet en bois. « Avec ses gradins de forme circulaire d'antan, une fois restaurée, la salle de dessin permettra aux nombreux lycéens férus de création de s'adonner à leur passion favorite », dira en préambule Toufik Gasmi, le président de la dynamique association des anciens élèves des lycées Mohamed Kerouani et Malika Gaïd , à l'origine de cette grande initiative. Les cuisines et les réfectoires, symboles de convivialité, où les internes et demi-pensionnaires aimaient à se rencontrer et partager les nombreux plats confectionnés par l'équipe de feu Mohamed Alliche et leur exploit en préparant les 1400 repas quotidiens, seront restaurés et retrouveront leur fonction. Le mot « Lycée » écrit en relief sur le fronton de l'établissement devra aussi être réhabilité. L'entrée de l'établissement, qui fait face au mess des officiers et qui figurait sur les cartes postales de Sétif, reprendra son cachet et ses matériaux initiaux. « Quant aux arbres communément appelés ‘‘robiniers'', introduits et plantés en 1873, ils ne devraient en aucun cas subir le moindre déracinement car leurs feuilles dégagent une quantité importante d'azote », conclut notre interlocuteur qui ambitionne, à l'instar des autres anciens, faire de Kerouani un lycée d'excellence digne de ce nom.