Un concert privé de Gnawa Diffusion sous une kheïma. C'est ce à quoi ont eu droit quelques privilégiés venus à l'appel du gnawi dimanche dernier. A l'entrée de la la kheïma que l'American Language Center (ALM) a plantée pour le Ramadhan dans le préau de l'hôtel Sofitel à Alger, l'atmosphère s'annonce ardente malgré la danse incertaine de la pluie. Le prix du billet passe de 0 à 1000 DA après une cote vite dépassée de 600 DA. « Il faut qu'on amortisse notre investissement », lâche le directeur du ALM, Hassan Echaïb. Pendant ce temps, Amazigh Kateb s'apprête en compagnie de ses acolytes à poser la gaâda. De la conférence de presse préludant le concert, Amazigh intitule ce qui pourrait être l'essence des textes et de la musique de Gnawa Diffusion : « Un mélange de poésie et de révolte. » « Petit dictateur », le fils de Kateb Yacine, qui, d'un voyage dans le Sud est revenu avec la source principale de son inspiration : le chant des esclaves soudanais, le gnawi, demeure à la direction du produit Gnawa Diffusion. Et ce n'est pas sans dommages collatéraux. La transe met à terre ceux qui s'y frôtent. Bab El Oued Kingston, Souk Système, les titres de ses albums sont exhumés pour être posés sur les tapis de la kheïma. Mohamed Abdenour, p'tit Moh au mandole, fait jouer sa virtuosité décisive sur les derniers produits Gnawa Diffusion. Après l'entracte Amazigh n'a plus la même contenance, comme s'il revenait de loin. Il tâtonne devant son micro sur Saki Baki puis enchaîne... emporté Douga Douga, Match Betikh... Minuit passé, son concert à la salle Ibn Zeydoun achevé, Karim Ziad se joint au groupe et vient mettre son grain de sel derrière des caisses. La rencontre prend des allures new-age. Se met au gumbri, claque les deux cordes grasses et la peau de cet instrument devenu emblème revendicatif. Puis, fatigué, il se retire pour laisser place à Si Aïssa... un personnage sombre qui tient sa légitimité au gumbri à la couleur de sa peau. On l'entoure, Amazigh au chant et au karkabou. La fin de la transe gnawi est pour 3 h. Amazigh Kateb laisse échapper son monde sur Hay mazalni hay, yao ! (vivant je suis encore vivant ; je ne suis pas encore un animal ; élection ? ; je vote madamate, ramenez moi madamate) Au sortir de la kheïma, un étal du collectif Yam propose à la vente le dernier-né de Karim Ziad qui a fait le déplacement à Alger pour le chanter et en fêter la sortie : Chabiba. Des disques promotionnels qui, en temps normal, ne sont pas destinés à la vente. Gnawa Diffusion En concert à la salle Harcha à Alger Jeudi 11 novembre, le soir Prix du billet : 500 DA