Deux au Centre, deux à l'Est, deux à l'Ouest et une au Sud : nous avons sélectionné les villes de façon à ce que le panel des prix soit aussi représentatif que possible des réalités du pays. Nous avons ensuite établi – en groupe et dans de vives discussions ! – un menu type de meïda pour six personnes, susceptible d'être adapté dans chacune des villes testées. Ce programme, bien sûr, est critiquable, mais faire l'unanimité sur les recettes et les quantités est impossible. Un seul impératif nous a guidés : fixer des quantités raisonnables. Au menu donc : dattes et l'ben pour rompre le jeûne, l'incontournable chorba, six boureks à la viande, tajine de poulet, salade de crudités, plat piquant et lham lahlou. Pour les desserts, le consensus s'est fait autour d'un kilo de raisin, de six kelb elouz et de 500 g de zlabia. Concernant les boissons, nous nous sommes mis d'accord sur deux bouteilles de Hamoud Boualem, une brique de jus de fruit, un litre de thé et de café. Enfin, le f'tour n'étant pas complet sans pain, le menu comprend aussi trois metloâa, deux galettes et deux baguettes. Nous avons ensuite – toujours dans de vives discussions – dressé la liste des courses d'après les recettes choisies, la même pour les six correspondants et l'équipe d'Alger. Afin d'éviter les erreurs, les légumes et les fruits ont été, en majorité, commandés au kilo. Nous avons ensuite effectué les calculs au prorata des quantités nécessaires dans les recettes. Pour les produits vendus en épicerie, nous avons précisé la contenance des conditionnements. Exemple : la boîte de tomate concentrée à 135 g, le paquet de café de 250 g, la bouteille d'eau de fleurs d'oranger de 75 cl ou une plaquette de beurre de 250 g. Après, les calculs ont été faits à partir de valeurs de référence : il y a cinq cuillères à soupe dans une boîte de 135 g, il faut 75 g de café pour faire 1 litre, 1 cuillère de liquide équivaut à 1,5 cl et une de beurre à 10 g. Plusieurs petites adaptations ont été nécessaires. Le fenouil étant introuvable à Mostaganem et à Constantine, nous l'avons enlevé de la salade. Les calculs ne comprennent pas non plus l'eau, le sel, le poivre et la cannelle, le prix de revient étant trop compliqué à évaluer. Même chose pour la vinaigrette : nous nous sommes contentés d'estimer le coût des cuillères d'huile d'olive et du jus de citron. Enfin, les boissons de fin de repas, café et thé, sont comptées sans sucre. Première conclusion : le prix moyen d'une meïda en Algérie s'élève à 2 163 DA, soit sur un mois 62 727 DA, soit 5,22 fois le Salaire national minimum garanti. Deuxième constat : il n'y a pas de grandes différences, d'une ville à une autre, à peine 400 DA entre Alger et Ouargla. La moyenne élevée des prix pourrait s'expliquer par la spéculation, au Nord, et par les coûts de transport, au Sud. Enfin, ce ne sont pas, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les plats à base de viande qui reviennent le plus cher mais les desserts —de 272 à 540 DA— suivis par le lham lahlou, qui, si l'on considère le rapport quantité/prix, contribue largement à plomber l'addition. Adlène Meddi, Mélanie Matarese