Les économistes de la Cnuced préconisent un changement de stratégie de développement du continent africain vers une plus grande utilisation des ressources financières intérieures. Dans son rapport de 2007 sur le développement économique en Afrique, la Cnuced soutient l'idée que cette approche permettra d'atteindre, à long terme, des taux de croissance plus élevés et soutenus. Elle permettra aux pays africains de réduire leur dépendance vis-à-vis des pays donateurs et des conditions liées à l'obtention de tels financements. Selon le rapport, malgré une performance macroéconomique robuste depuis le début du siècle, les taux de croissance obtenus restent insuffisants pour permettre au continent d'atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement consistant à réduire de moitié la pauvreté. Les rédacteurs du rapport précisent par ailleurs que le potentiel en ressources financières de la plupart des pays africains est plus important qu'il n'y paraît. « Si l'on parvient à mobiliser ces ressources, les pays pourront choisir leur propre modèle de développement économique », soutiennent-ils encore. Concernant les investissements, les flux d'IDE vers l'Afrique, bien qu'en hausse ces dernières années, « restent trop limités sur le plan géographique et trop concentrés sur les industries extractives pour avoir un effet notable en termes de création d'emploi et d'atténuation de la pauvreté ». Un niveau de risque élevé et un climat des affaires peu porteur sont, selon la Cnuced, « les principaux facteurs qui expliquent la faiblesse des taux d'investissement en Afrique ». Cependant, les économistes auteurs du rapport affirment que « les éléments nécessaires sont en place pour permettre aux pays africains de relever leur défi en matière de développement dans le cadre d'un ‘‘Etat développementiste'' ». En effet, aux yeux de la Cnuced, des ressources intérieures accrues complétées par des flux d'aide plus importants ne suffiront pas pour tirer l'Afrique du sous-développement sans une « réorientation fondamentale des politiques de développement pour sortir de l'impasse néolibérale ». Tout en se référant à un type d'approche de la gouvernance et du progrès économique ayant produit une croissance économique phénoménale dans plusieurs pays d'Asie, la Cnuced affirme qu'il faudrait instaurer en Afrique des politiques « développementistes » permettant aux gouvernements de gérer activement leur économie, d'encourager une plus grande diversification de l'économie et de créer de l'emploi. L'Etat développementiste, ajoute la Cnuced, « doit éviter de recourir à un protectionnisme ou un interventionnisme excessifs et s'efforcer de retenir et d'accroître les ressources financières disponibles dans son économie pour alimenter sa croissance économique ». C'est le cas des pays d'Asie qui doivent leur croissance rapide à « des stratégies de développement orientées sur l'extérieur, fondées sur l'économie de marché et assurant une affectation optimale des ressources ».