« Il est faux de penser que l'Iran et les Etats-Unis se dirigent vers la guerre. Pourquoi dire cela ? Pourquoi devrions-nous partir en guerre ? Il n'y a pas de guerre en vue », a dit M. Ahmadinejad, dimanche, sur la chaîne de télévision américaine CBS. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui s'adressera aujourd'hui devant l'Assemblée générale de l'ONU, après un passage devant fortement contesté devant la prestigieuse université américaine de Colombia, a démenti que son pays envisageait de produire ou de posséder l'arme nucléaire. Il a même considéré cette arme comme dérisoire, en déclarant aux téléspectateurs américains qu'elle n'a pas empêché la chute du communisme et la disparition de l'URSS. Une bien terrible déclaration d'autant que des menaces de guerre étaient proférées contre l'Iran. Mais ne voilà-t-il pas que le chef de l'Etat français en vienne à tempérer l'ardeur guerrière de son ministre des Affaires étrangères à l'origine de cette subite montée de tension. « Pour ma part, a dit Nicolas Sarkozy, je n'ai jamais parlé de guerre. » Une question alors, Bernard Kouchner parle-t-il pour lui-même ? Quant au chef de l'Etat iranien , il écarte tout simplement le risque de guerre. « Il est faux de penser que l'Iran et les Etats-Unis se dirigent vers la guerre. Pourquoi dire cela ? Pourquoi devrions-nous partir en guerre ? Il n'y a pas de guerre en vue », a dit M. Ahmadinejad dimanche sur la chaîne de télévision américaine CBS. Pourtant, depuis qu'il a fait à l'ONU une entrée fracassante sur la scène internationale il y a deux ans, l'opposition entre l'Iran et les Etats-Unis s'est considérablement renforcée. L'Iran est visé par deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU lui imposant des sanctions pour son refus de renoncer à ses activités nucléaires les plus sensibles. M. Ahmadinejad, qui s'exprimera à la tribune des Nations unies après le président américain, risque de se lancer, comme en 2006, dans une diatribe antiaméricaine au moment où M. Bush pousse à de nouvelles mesures punitives du Conseil de sécurité ou — à défaut d'un accord Chine/ Russie — des Etats-Unis et leurs alliés européens. M. Ahmadinejad assure que le programme nucléaire iranien ne vise qu'à produire de l'électricité. « Quel besoin avons-nous d'une bombe ? », a-t-il demandé sur CBS. Mais il a dit, samedi que ni la « guerre psychologique » ni les sanctions économiques n'arrêteraient « la marche de l'Iran vers le progrès ». Toute la question est de savoir si l'exaspération pourrait pousser M. Bush à en finir avant le terme de sa présidence, en janvier 2009. Car selon M. Bush, qui a fait de l'Iran l'un des Etats de « l'axe du mal », une étiquette qui ne veut pas dire grand-chose puisqu'elle est unilatérale, et qu'elle est attribuée ou retirée selon le seul point de vue de celui qui en prend la responsabilité. Une attitude qui n'est pas toujours partagée. Le commandement américain en Irak a alourdi les charges dimanche en accusant l'Iran de fournir aux rebelles des missiles sol-air sophistiqués, capables d'abattre des appareils américains. Pourtant, le chef de l'Etat iranien, l'une des personnalités internationales suscitant le plus d'hostilité aux Etats-Unis, a cherché à déposer une gerbe sur le site du World Trade Center, détruit par les attentats du 11 septembre. Alors même que la tension semblait relancée avec les propos du ministre français, M. Bush s'est gardé d'exclure le recours à la force. Cependant, il se défend d'intentions militaires pour le moment. « J'ai constamment dit que j'espérais que nous pourrions convaincre le régime iranien d'abandonner son ambition de mettre au point un programame d'armes (nucléaires) et y parvenir de manière pacifique », a dit M. Bush jeudi. Un dialogue à distance, et rien d'autre. Mais un dialogue de sourds.