Le Pakistan s'apprête à extrader une vingtaine d'anciens Afghans-Algériens arrêtés après la chute du régime des talibans vers la fin de 2001 et début 2002, et détenus à la prison de Peshawar. Selon des sources diplomatiques, cette extradition aura lieu dans les semaines qui suivront le mois de Ramadhan, après le transfert des prisonniers de la ville de Peshawar à Islamabad, capitale pakistanaise. Il s'agit, relèvent nos sources, de la troisième opération de renvoi d'Algériens du Pakistan depuis la signature de l'accord relatif à l'extradition de criminels entre les deux pays en mai 2004. Cet accord, faut-il le préciser, a permis d'entamer les négociations autour du sort de quelque 45 Algériens se trouvant sur les terres pakistanaises enrôlés dans les rangs des talibans, et ayant aidé d'une manière directe ou indirecte les groupes islamistes armés algériens durant la décennie du terrorisme. Dans son préambule, l'accord prévoit une coopération en matière de lutte contre le terrorisme international et le crime organisé et incite à l'engagement de chacun des deux pays à extrader, au profit de son cosignataire de l'accord, « tout individu poursuivi par la justice algérienne ou pakistanaise, présent sur le territoire de l'un des deux pays. En 2006, un premier groupe de 20 Afghans- Algériens, détenus toujours à Peshawar, a été renvoyé en Algérie, et ce, après avoir été libéré par le tribunal de cette ville frontalière. Ils avaient été arrêtés pour leur majorité vers la fin de l'année 2001 dans la zone tribale du Pakistan, notamment le Waziristan, région autonome aujourd'hui au centre de violentes manifestations contre les forces gouvernementales. Les agences de presse pakistanaises avaient à l'époque indiqué que parmi les Algériens libérés se trouve Mehdi Rabah, présenté comme un ancien chef prédicateur ayant participé aux combats contre les troupes américaines en Afghanistan. Selon toujours les mêmes sources, il aurait résidé en Arabie Saoudite dans les années 1990 avant de rejoindre le Pakistan pour occuper le poste d'enseignant à l'université internationale d'Islamabad. Le groupe d'Algériens, dont bon nombre d'entre eux sont mariés, a quitté il y a une année le Pakistan à destination de l'Algérie avec leur famille. Durant cette période, un autre Algérien, détenu à Peshawar, avait été libéré puis extradé en janvier dernier vers l'Algérie. Ce qui porte le nombre d'anciens Afghans retournés au pays à près d'une quarantaine depuis 2004. Il est important de signaler que c'est en 2004 que les autorités pakistanaises ont annoncé avoir arrêté juste après le déclenchement de l'offensive US contre le régime des talibans, en Afghanistan, une trentaine d'Algériens au niveau des régions frontalières, notamment à Peshawar. Leur extradition ne pouvait se faire sans un cadre juridique, c'est-à-dire un accord d'extradition entre les deux pays. Une fois ce dernier signé, le processus a été enclenché pour aboutir à des opérations successives d'extradition. Pour ce qui est des Algériens détenus à Guantanamo, au nombre de 19 (après une possible extradition des six Algéro-Bosniaques vers la Bosnie), une solution aurait été trouvée entre la justice américaine et l'Algérie. Finalement, les Américains ont accepté, a-t-on appris de source diplomatique, de renvoyer les détenus pour qu'ils soient jugés en Algérie, en renonçant à imposer à celle-ci leur suivi une fois de retour au pays. Nos interlocuteurs estiment que les deux parties sont arrivées à un accord et la concrétisation de l'extradition n'est qu'une question de temps. Ce dossier, faut-il le préciser, s'est heurté à l'intransigeance des deux parties du fait des conditionnalités imposées par les Américains et jugées par la partie algérienne comme étant une violation de la souveraineté nationale. Celles-ci (conditionnalités) se résument à mettre en place une procédure à même d'empêcher que les ex-détenus se lancent dans des activités terroristes, à partager les renseignements sur leurs activités, à informer de toute mesure judiciaire prise à leur encontre, à surveiller leurs activités quotidiennes et en faire part, à confisquer leurs passeports, à refuser de leur en délivrer en cas de demande, à engager une procédure pour inscrire leur nom sur la liste rouge de terroristes établie par l'ONU, en ayant la garantie qu'ils ne créent pas d'organisations terroristes et à accepter que chaque mois une tierce personne vienne leur rendre visite pour vérifier s'ils sont bien traités. Ce qui revient à les mettre dans une autre prison et s'assurer qu'ils n'en sortent jamais.