Tous les ressortissants algériens non impliqués dans des délits graves sur le sol algérien ont pu bénéficier des dispositions portant réconciliation nationale. Les services de sécurité algériens mènent depuis plusieurs jours des interrogatoires avec des ressortissants fraîchement extradés par les autorités du Pakistan, comme premiers effets des protocoles d'extradition et de coopération sécuritaire signés entre les deux pays. La radio américaine Sawa, qui a rapporté l'information, affirme que les extradés algériens ont été accusés par les services de renseignements pakistanais de liens avec Al Qaîda. Sitôt arrivés à Alger, les ressortissants extradés ont été conduits aux locaux des services de sécurité pour tirer au clair le cheminement islamiste de ces Algériens, car dans beaucoup de cas, les pays hôtes veulent se débarrasser de leurs islamistes devenus encombrants et font vite de les extrader vers leurs pays d'origine. Les récents projets d'attentats déjoués à Londres semblent motiver ces extraditions, vers l'Algérie, d'islamistes qui disent, pour la plupart, être à Islamabad pour des études en théologie. L'état d'alerte et d'anxiété qui a touché aussi bien la Grande-Bretagne que les Etats-Unis ont poussé le Pakistan à faire preuve de plus de rigueur dans le traitement du dossier sécuritaire et à se débarrasser des islamistes encombrants qui pullulent sur son sol. Les centaines d'Algériens installés depuis longtemps sur le territoire pakistanais sont souvent inscrits dans des écoles et universités d'Islamabad et Karachi, mais certains, parmi les plus tentés par le radicalisme, font des incursions épisodiques en Afghanistan. Les liens avec Al Qaîda se nouent aussitôt. «La route vers Kaboul» qui avait depuis la moitié des années quatre-vingt, poussé des milliers d'Algériens vers l'Afghanistan a souvent emprunté les chemins pakistanais avant de prendre pied en terre pachtoune. Vers 1992, ils étaient estimés à près de 2500 Algériens à avoir fait «l'expérience» afghane. Dans les postes de commandement de l'organisation Al Qaîda, et dès sa naissance en 1989, on pouvait retrouver des Algériens, dont le plus célèbre demeure sans conteste Qari Saïd, qui sera tué en 1995 dans l'est algérien dans une embuscade tendue par les services de sécurité. Tous les ressortissants algériens non impliqués dans des délits graves sur le sol algérien ont pu bénéficier des dispositions portant réconciliation nationale. Aussi, pense-t-on, il en sera de même pour les extradés d'Islamabad, à un moment extrêmement sensible de la vie politique algérienne, caractérisée par l'approche de la fin de la période de grâce donnée aux groupes armés encore opérationnels, et qui vient à expiration le 30 août. Des dizaines de personnes ont été tuées dans des violences liées au terrorisme depuis le début de l'été, pendant que rapts, suivis de demandes de rançon, attentats à la bombe, rackets et faux barrages suivent une courbe ascendante inquiétante, notamment dans le triangle Blida-Médéa-Aïn Defla, et à l´est de la capitale, à Tizi Ouzou et Boumerdès de façon plus particulière. Le plus grand chantier politico- sécuritaire du président de la République semble marquer, on l´aura remarqué, un temps d´arrêt. Depuis la mi-mars et la libération des derniers détenus islamistes des prisons, on n´a pas vu la réconciliation nationale avancer d´un empan. Plusieurs mois après son installation par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la tête du gouvernement, Belkhadem, qui suscite l´engouement des islamistes et des partisans de la réconciliation nationale, aura à sa charge de donner un coup d´accélérateur à un plan de paix qui marque la pas. Et certains parlent déjà de la possibilité de procéder à une rallonge du délai donné aux repentis pour quitter les maquis, alors que d'autres parlent de l'inanité d'une telle rallonge, la direction du Gspc ayant depuis longtemps déjà choisi de tourner le dos à toute négociation et à tout dialogue Selon un premier bilan du ministère de l´Intérieur, et qui date de deux mois, «ils» ont été cent-vingt-cinq repentis, la plupart faisant partie du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), à avoir choisi de déposer les armes et de se rendre aux autorités dans le cadre des mesures d´extinction des poursuites judiciaires mises en avant par la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le chiffre est totalement dérisoire, et à côté du «millier» d´hommes encore en armes, selon les statistiques les plus fiables, il y a encore à se faire du souci. Cette situation, pour le moins alambiquée, a poussé le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni à lancer le 22 juillet un appel aux terroristes qui «ne se sont pas encore rendus afin de saisir l'opportunité» qui leur est offerte par les dispositions de la charte sur la paix et la réconciliation nationale. «Les personnes qui ont compris le sens de la politique de la réconciliation et de ses textes, doivent en profiter et ils sont les bienvenus, sinon, nous les combattrons par tous les moyens», avait ajouté Zerhouni. Il avait précisé que la lutte contre le terrorisme islamiste se poursuivra en Algérie après l'expiration fin août du délai accordé aux terroristes se trouvant encore dans les maquis. Près de 200 islamistes armés ont quitté les maquis islamistes depuis la mise en oeuvre, fin février, de cette charte, selon un bilan établi par le ministère de l'Intérieur.