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Du statut du martyr
La chronique de Ghaleb Bencheikh
Publié dans El Watan le 26 - 09 - 2007

Le phénomène des attentas suicide pervertit la religion islamique et renvoie aux basses eaux du débat théologique et moral sur les notions de martyr, de suicide et de résistance. Notre modeste contribution ne prétend à rien d'autre que d'essayer de comprendre pourquoi une telle manifestation arrive à faire fi de la sacralité de la vie. Tout comme le martys et martur dans la langue grecque, le « martyr » est le « témoin » en langue arabe. Affirmer son attachement à sa foi, à sa famille ou à ses biens jusqu'à donner sa vie pour tribut est une situation qu'il faut savoir conjurer… Mais si elle se présente, il faut savoir témoigner de l'invincible espérance. Cependant aussi étonnant que cela puisse être, le statut de martyr dans la doctrine islamique classique n'apparaît pas bien explicite dans le Coran. En tout cas, il n'y est pas du tout précisé que le martyr est celui qui doit mourir nécessairement au combat ! En effet, le chahid témoin martyr est celui qui a souffert les terribles supplices et même la mort en témoignage de sa foi en Dieu et qu'il refuse d'abjurer. C'est la sunna qui sera, par la suite, prolixe et détaillée sur les conditions et privilèges inhérents au statut de martyr. Dans son sillage, toute une littérature foisonnante, s'inspirant du genre littéraire des expéditions, finira par compléter le corps de doctrine du martyr dans la tradition islamique. En outre, pendant longtemps le martyr comme concept religieux ne joua pas dans l'histoire islamique un rôle aussi fondamental que dans le christianisme des premiers siècles, par exemple. Sauf peut-être, en milieu chiite, où le martyr de l'imam Hussein en 680 à Karbala, a donné à ce concept un rôle prééminent dans les représentations culturelles et cultuelles chez les chiites. En revanche dans l'Islam sunnite, son rôle fut mineur. Le martyr y avait, en grande partie, perdu sa pertinence durant de longs siècles. Ce sont plutôt des hadiths de l'ordre « l'encre du savant est meilleure auprès de Dieu que le sang du martyr » qui prévalurent dans la conscience musulmane. A cet égard, nous ne pouvons pas trouver les fondements doctrinaux qui puissent étayer la logique des attentats suicide. Il n'y a aucune chaîne de transmission ininterrompue qui puisse être établie entre les combattants tombés dans les champs de batailles livrées par les primo musulmans médinois et les candidats au suicide des temps modernes. Cette pratique est totalement incongrue à la doxa droite de l'Islam : « Ne vous tuez pas vous-mêmes, car Dieu ne cesse d'être Miséricordieux envers vous. » (1) L'attentat suicide relève malheureusement d'une logique d'attaque et de vengeance qui prévaut avec une idée nihiliste et immature capitale. Son expression pourrait se résumer à : avant d'accéder aux félicités du jardin paradisiaque et ses délices, on crée le temps d'une explosion l'enfer sur terre. Entre la violence indicible subie avec le sentiment permanent d'avilissement ressenti et le « désarmement de la douceur », il y a, tout de même, une place pour la patience et l'endurance, en effet : « Par le siècle, l'homme est assurément en perdition, sauf ceux qui font œuvre pie et s'enjoignent mutuellement la vérité et s'enjoignent mutuellement la patience. » (2) L'endurance. Ce serait cela, l'opération martyre, conforme, en outre à sa définition coranique. Sans logique victimaire morbide, l'état d'être patient est une des réalités les plus prégnantes de la condition humaine et la plus poignante. A terme, elle sera plus payante. Elle se dressera pour témoigner de la force profonde de l'homme souverain face aux semeurs de désordre et de mort. Elle ne signifie pas démission morale ni abandon des laissés-pour-compte de cette même et commune condition humaine, affligeante certes, mais grande et noble aussi.
(1) Coran. Sourate 4, Les femmes, verset 29
(2) Ibid, toute la Sourate 103. Le siècle


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