La région la plus affectée en matière de travaux publics au niveau national conséquemment aux intempéries de la semaine écoulée est sans conteste la wilaya de M'sila. Cette dernière a enregistré, selon les premières estimations de la direction des travaux publics de M'sila, des dégâts dans le secteur estimés à 1,3 milliard de dinars. Cela constitue 52% des dégâts matériels enregistrés par le secteur des travaux publics au niveau national, lesquels ont été estimés à 2,5 milliards DA. Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, en visite dans la wilaya de M'sila jeudi, en a fait l'amer constat en se rendant sur les lieux sinistrés à travers la wilaya. Le volume des eaux qui a déferlé sur la wilaya durant les deux jours de la semaine passée, drainé par 12 oueds, a été estimé à 30 milliards de mètres cubes, des eaux qui ont eu raison des ouvrages et des infrastructures affectés déjà par les inondations du mois d'avril de la même année. Conséquemment à cela, il y a eu destruction de 4 ponts stratégiques, 2 situés sur la RN45 reliant M'sila à Boussaâda, l'un enjambant l'oued Maïtar au niveau du village Maârif où la puissance des eaux a été telle qu'un tronçon de 600 mètres linéaires (ml) de la route et sur une profondeur de presque 8 m a été systématiquement arraché. L'autre pont se trouvant sur la RN45 s'est effondré après avoir été submergé par les eaux durant presque 5 jours. Sur la RN89, route reliant Boussaâda à Tiaret par Aïn Oussera, dans la wilaya de Djelfa, le pont et une partie de la route ont été emportés par le déferlement des eaux entraînant une nouvelle configuration de l'oued Negueb sur lequel était érigé le pont. L'autre pont arraché par les eaux et dont M. Ghoul en a fait le constat se situe sur le CW n°89 reliant la localité de Medjedel à la RN46 représentant le reste d'un ouvrage qui a été totalement disloqué. Outre la destruction de ces ponts qui demeurent stratégiques pour la wilaya, il y a des ponts qui tout en restant fonctionnels ont été sérieusement endommagés, à l'instar des oueds L'ham et M'cif qui nécessitent en urgence des travaux de confortement. Le ministre des Travaux publics a eu également à constater les méfaits des inondations sur la RN8 reliant Aïn Lahdjel à Sidi Aïssa où la chaussée a été arrachée sur 2000 ml par la furie des eaux. M. Ghoul paraissait affecté par l'importance des dégâts qui ont affecté lourdement les ouvrages et les infrastructures routières de la wilaya, lesquels vont inéluctablement exacerber l'enclavement de la région et accentuer son retard chronique en matière de développement. La mission du ministre des Travaux publics dans la wilaya pour constater les dégâts occasionnés par les dernières inondations laisse supposer que les pouvoirs publics n'appréhendent pas encore leur caractère récurrent, ne s'embarrassant même pas des bilans macabres à chaque fois que les intempéries frappent cette région. Pour la seule année 2007 (avril et septembre), plus de 25 morts ont été enregistrés. A ce jour, cela ne semble pas avoir suscité une quelconque réaction des pouvoirs publics pour en identifier les causes et se prémunir de la perte en vies humaines. D'aucuns diront que la vie de ces populations ne pèse rien sinon pourquoi, s'interroge-t-on, n'a-t-on rien fait pour pallier cette situation qui est, nous a-t-on expliqué, de nature hydraulique et résidant dans la domestication des eaux de surface. En effet, la wilaya de M'sila, dans sa configuration géographique, se présente comme le réceptacle des eaux pluviales de 12 bassins versants situés dans la wilaya de Médéa, de Bouira, de Bordj Bou Arréridj, de Sétif et de Djelfa, représentant une superficie de 28 765 km2, drainées par 12 oueds qui déversent leurs eaux dans le chott El Hodna dont la superficie ne dépasse guère 1377 km2. La solution à ce problème, nous dira un technicien en hydraulique, réside dans la domestication des eaux en amont des plaines du Hodna, à travers la réalisation d'une série de barrages de différentes envergures repartis à travers les différents bassins versants. Compte tenu de la nature hydraulique du phénomène des inondations, la visite de M. Ghoul à M'sila semble être moins opportune et explique la politique de bricolage des pouvoirs publics face à la menace permanente des imprévisibles et récurrentes inondations sur les populations de cette wilaya.