Le ministre du Commerce auditionné, jeudi dernier, par le président de la République a dû certainement passer une éprouvante matinée à en conclure par le ton « sévère » sur lequel est rédigé le long communiqué de la présidence, intégralement repris par l'APS. Tout en s'adjugeant le mérite des réalisations (achevées et en cours), particulièrement celles dans le cadre des plans de dépenses publiques (PCSC, Sud et Hauts-Plateaux), dont a bénéficié le département de Hachemi Djaâboub, le chef de l'Etat ne s'empêchera pas au détour de ses orientations de rappeler ses obligations au ministre. Insuffisances du dispositif juridique, absence de mécanismes de régulation du marché et des prix, limitation aux solutions conjoncturelles, absence de projections dans les moyen et long termes, des politiques agricoles et industrielles défaillantes, dépendance des importations et déséquilibre dans la démarche de commercer avec le reste du monde. C'est à peine si l'« échec » du ministre du Commerce et partant de l'action gouvernementale dans ce domaine n'est prononcé. La crise de l'été engendrée par l'envolée des prix des produits de première nécessité (blé, poudre de lait, pomme de terre) a fini par faire admettre à Abdelaziz Bouteflika que « l'examen de la situation a permis de relever l'absence de mécanismes de régulation du marché et des prix ». Redisant le « devoir » de l'Etat à intervenir lorsque l'équilibre du marché est menacé, M. Bouteflika a souligné la nécessité de mettre en place « les procédures et instruments » de régulation appropriés. Comprendre que ceux-ci n'existent pas encore. Ce que le compte-rendu de l'audition admet en considérant que les mesures prises afin de contenir la crise des prix sont de nature « conjoncturelle ». « Il est impératif de dépasser les solutions conjoncturelles et les palliatifs de circonstance pour se projeter sur les moyen et long termes à travers des politiques anticipatives et suffisamment réfléchies. » Une affirmation qui repose toute la problématique sur le modèle de développement économique du pays. Des problèmes d'ordre « structurel » aggravent le dérèglement de la sphère commerciale. « Les raisons structurelles constituent un élément prédominant et un démultiplicateur évident des tensions », soutient encore le Président pour qui une projection à moyen et long termes s'impose. Cela suppose, explique encore le même document, de prémunir le pays en assignant aux politiques agricoles et industrielles les défis de « produire davantage, efficacement et durablement ». Il y a lieu aussi de combattre les pratiques spéculatives. Par ailleurs, le chef de l'Etat a orienté son ministre du Commerce vers la réflexion sur « une nouvelle approche du commerce extérieur ». Si dépendance devait y avoir vis-à-vis de l'étranger sur un ou plusieurs produits autant mettre les pays fournisseurs dans les conditions favorisant la concurrence au bénéfice de la balance commerciale du pays. Pour M. Bouteflika, les nouvelles relations commerciales avec les partenaires étrangers devraient répondre au souci de « diversifier, à des conditions avantageuses, les débouchés extérieurs pour les produits nationaux et d'instaurer une plus grande concurrence entre les différents fournisseurs de l'Algérie à même de rationaliser nos importations ». Une suggestion corroborée par une statistique du commerce extérieur, celle de l'Algérie avec l'Union européenne (UE). En 2006, l'approvisionnement de l'Algérie a dépendu à 54,6% de cet espace régional (11,7 milliards de dollars US) et les exportations pour 52,6% (28,7 milliards de dollars US). Avec cette différence que l'Algérie facture en dollar US et paye en euro. Par ailleurs, des insuffisances ont été relevées sur le plan juridique, notamment pour l'organisation de la grande distribution et l'urbanisme commercial, la franchise, les fermetures des commerces pour congés, les quinzaines commerciales, l'implantation des activités commerciales, la protection du consommateur et la répression des fraudes. A ce titre, plusieurs textes de lois et décrets exécutifs sont annoncés.