Dans le cadre des auditions des ministres qu'il mène durant le mois de Ramadhan afin de faire le point sur les activités des différents secteurs du gouvernement, le président de la République vient de découvrir que l'activité commerciale est mal gérée en Algérie, mais surtout mal régulée. Le chef de l'Etat, s'exprimant sur un bilan présenté par le ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, a déduit que le rapport de son ministre « met en évidence les dysfonctionnements en matière de non-respect des lois et des droits d'autrui ». Cela, d'après Abdelaziz Bouteflika, constitue « aussi un des legs de la douloureuse tragédie subie par l'Algérie durant laquelle l'Etat mobilisait ses capacités pour la protection des citoyens contre les affres du terrorisme ». Ainsi, le chef de l'Etat, après dix années passées au pouvoir, vient brandir une grosse mise au point à l'adresse de son chargé du commerce, pourtant à maintes fois épinglé par les analystes et observateurs. Mais le président de la République, à défaut de situer les responsabilités, a préféré rester au stade du constat. Selon lui, « ce bilan que nous venons de discuter révèle également que bon nombre d'agents économiques tentent de transformer la libéralisation des activités économiques et commerciales en véritable situation de non-droit et en abusent honteusement par la fraude dans les affaires et le commerce ». Le premier magistrat du pays croit qu'il « est nécessaire pour l'Etat d'ériger le contrôle et la régulation du champ économique, y compris le commerce, en véritable priorité nationale ». Il a, à ce propos, chargé le gouvernement d'accélérer et de parachever la mise à niveau de la législation et de la réglementation devant encadrer le contrôle et la régulation économique et commerciale. Un dossier devant être clôturé à la fin de l'année 2009 comme dernier délai de rigueur, d'après un communiqué d'évaluation de l'audition, repris hier par l'APS. L'Exécutif aura aussi comme mission la mobilisation des ressources nécessaires pour le développement et la modernisation des moyens de contrôle commercial en matière de qualité, de normes et de protection de la santé des consommateurs. Etant très en retard en la matière, l'Algérie devient le réservoir incontesté de la contrefaçon, mettant le consommateur dans une situation à haut risque. Le président de la République a d'ailleurs reconnu que le consommateur n'est point protégé. Cependant, le ministre a exposé un bilan qui fait ressortir une réussite incontestable à tous les niveaux. Instruments législatifs et réglementaires infaillibles par-ci, opérations de contrôle et de régulation fructueuses par-là, tournant le dos carrément à la réalité du terrain. La régulation, l'un des maillons faibles de la chaîne, doit être désormais une mission pleinement assumée par les pouvoirs publics, d'après Abdelaziz Bouteflika. « La régulation du marché des produits agricoles, et à l'avenir, des viandes doit être assumée par les pouvoirs publics. L'Etat engage annuellement près de un milliard de dollars comme soutien à l'agriculture », a-t-il conclu. En un mot, le commerce est en passe de devenir le grand souk en Algérie. Le discours semble ne plus suffire, en attendant les grandes décisions.