Lorsque l'Association nationale pour la promotion du système éducatif rénovateur avait été lancée par un groupe de cadres du secteur (enseignants, chefs d'établissement, pédagogues), les parents d'élèves et d'une manière générale toute la famille de l'éducation avaient applaudi à cette louable initiative. Le noyau dur qui a enfanté l'association n'a pas tardé à déchanter et à se heurter très vite à des velléités de caporaliser l'association et de la dévier de ses missions originelles, celles d'être au service de l'éducation et de rien d'autre. Des membres fondateurs dont le premier vice-président Brahim Ousmaâl qui nous a rendu visite à la rédaction accusent à cet égard le président de l'association Aïssa Chaïb d'avoir détourné l'association de sa vocation pour la mettre au service d'interêts bassement politiques, voire politiciens. On lui reproche d'avoir mis la charue avant les bœufs, autrement dit, d'avoir installé les structures de l'association et placé à leur tête des hommes à sa dévotion, avant même la structuration officielle de l'association et l'obtention de son agrément. Certains membres de l'association ont pris alors la décision de se retirer de l'association pour ne pas avoir à cautionner « les agissements » de leur direction « autoproclamée ». Le fossé entre le président de cette association et les « redresseurs » s'est accentué encore davantage lorsque les subventions ont commencé à affluer dans les caisses de l'association après l'élection-présidentielle d'avril dernier. Pour avoir édité à la veille de l'élection un livre intitulé Bouteflika, le défi algérien le président de l'association semble avoir joué une carte gagnante au regard des largesses dont bénéficie cette association de création pourtant très récente ; elle a vu le jour en 2003. Et c'est lorsque les membres dissidents ont vu comment les finances de l'association étaient dépensées et la promotion fulgurante dont le président a bénéficié en se voyant confier la direction de l'éducation de la wilaya de Medea qu'ils ont décidé de réagir d'abord à l'intérieur de l'association en appelant à une assemblée générale. Après plusieurs tentatives infructueuses pour associer le président de l'association à cette réunion de clarification y compris à travers des convocations transmises par huissier de justice, le groupe des « redresseurs » est passé à l'action. Une réunion du bureau national s'était tenue le 12 mai dernier pour se positionner par rapport à la crise que traverse l'association. « 9 membres sur les 14 composant le bureau sont contre les agissements du président », affirme le premier vice-président de l'association. Après avoir échoué dans leur tentative de trouver une solution dans le cadre des structures de l'association, le groupe des dissidents a décidé de porter l'affaire en justice, de déposer une plainte pour « dépenses injustifiées » et d'informer les autorités compétentes. Les représentants des contestataires ont été entendus par la police judiciaire et attendent la convocation du juge. Le président de l'association contesté par le groupe a réagi aux accusations dont il est l'objet en faisant publier dans la presse un placard publicitaire dans lequel il accuse ses détracteurs d'être « des activistes agissant au nom de mouvements politiques occultes opposés aux réformes du système éducatif initiées par Son Excellence le président de la République ». « Comment pourrions, nous être contre les réformes alors que nous sommes les principaux initiateurs de cette association », se défend-on dans l'entourage des dissidents, rappelant que les orientations et les missions de l'association ont été débattues et adoptées par ses membres au moment de sa création. « Nous avons pris nos responsabilités d'informer les autorités des dérives qui guettent notre association, aux pouvoirs publics de réagir », indiquent encore ces membres fondateurs qui militent pour remettre sur les rails l'association.