L'un des objectifs clés du commandement américain en Afrique (Africom) sera d'aider les Africains à créer une force de réserve de 25 000 soldats maximum sous les auspices de l'Union africaine qui pourra répondre rapidement aux conflits susceptibles d'éclater sur leur continent sans avoir à attendre une réaction de l'Organisation des Nations unies », a indiqué Mme Whelan, vice-ministre adjointe américaine de la Défense pour l'Afrique, selon une information rapportée, hier, par le Washington file. L'administration Bush qui continue à faire du porte-à-porte pour convaincre de l'utilité de son projet de commandement militaire en Afrique et, surtout, trouver un pays qui accepterait d'héberger le QG de l'Africom paraît ainsi garder bon espoir de parvenir à mettre un pied en Afrique. Aussi, la sortie médiatique de Mme Whelan ne va pas sans s'interpréter comme une énième tentative de Washington de rassurer les gouvernements africains quant à ses véritables intentions. Les opinions tout autant que les gouvernements en Afrique ne paraissent pas réellement « chauds » à l'idée de voir l'armée américaine débarquer sur le continent. Beaucoup d'entre eux ne croient pas à l'argument de la formation et de la lutte antiterroriste avancé par les Etats-Unis pour expliquer l'utilité de la création d'un commandement US en Afrique. La majorité pense en effet que le gouvernement américain, en voulant installer des bases en Afrique, ne chercherait qu'à protéger ses intérêts et à garder un œil sur les matières premières (gaz et pétrole). La crise au Moyen-Orient fait que l'Afrique est devenue au fil des années une solide alternative en matière d'énergie. D'autres pensent aussi qu'une présence permanente de militaires américains en Afrique pourrait être une source durable de problèmes comme c'est le cas, actuellement, dans plusieurs régions du monde. Face à ce scepticisme général (les responsables américains ont fait plusieurs tournées en Afrique sans pour autant trouver un pays qui a accepté d'accueillir leurs bases), Mme Theresa Whelan, vice-ministre adjointe de la Défense pour l'Afrique, a expliqué avec véhémence que « l'objectif principal (d'Africom) n'est pas d'aller guerroyer sur le continent africain ». Selon elle, l'Africom a pour but « plutôt de renforcer la capacité militaire des Africains afin que ceux-ci puissent faire face eux-mêmes à toute agression, sans devoir solliciter l'aide militaire de la communauté internationale ». La vice-ministre adjointe américaine de la Défense pour l'Afrique a ajouté, à Washington, lors d'un séminaire tenu récemment sur ce nouveau commandement sous les auspices de l'American Enterprise Institute (AEI), que « la paix et la sécurité en Afrique s'inscrivent dans les priorités géopolitiques des Etats-Unis ; il s'ensuit que la mission de l'Africom consistera à collaborer avec les Etats africains à ces fins ». A l'adresse de ceux qui craignent que le Pentagone, une fois installé sur le continent finisse par devenir un donneur d'ordres, Mme Whelan a assuré que les Africains « continueront d'avoir la maîtrise totale de leurs priorités sécuritaires ». « L'Africom, loin de chercher à imposer des solutions américaines aux problèmes de l'Afrique veut renforcer ce que les Africains ont déjà construit, par exemple le dispositif de maintien de la paix de l'Union africaine afin de le rendre plus efficace », a-t-elle dit. Toujours selon le Washington file, le général de l'armée de terre William Ward, qui a été nommé au commandement de l'Africom, a déclaré, lors de la récente séance tenue au Sénat en vue de sa confirmation à ce poste, que l'efficacité de l'Africom serait précisément mesurée « selon qu'il aura contribué directement à la stabilité, à la sécurité, à la santé et au bien-être des institutions, des Etats et des peuples de l'Afrique ». A ce propos, il dira que ses tâches seront donc axées sur le maintien de la paix, sur l'amélioration de la sécurité maritime et frontalière et sur la lutte antiterroriste. L'Africom démarre officiellement ses opérations en octobre 2007. Il lui faudra environ un an pour devenir pleinement opérationnel. Son quartier général, qui sera responsable de toute l'Afrique à l'exception de l'Egypte, se situera à Stuttgart pendant la phase de transition. Faut-il s'attendre, maintenant, à ce qu'en une année les Africains changeront d'avis et accepteront de donner asile à l'Africom ? Faudrait voir. Mais en tout cas, le drame irakien doit certainement contraindre à réfléchir à deux fois avant d'engager un partenariat avec l'administration Bush. Et c'est ce que les dirigeants africains ont certainement déjà dû faire.