Aussi déconcertant que cela puisse paraître, la wilaya de Constantine dont l'évocation du chef-lieu renvoie l'image d'Epinal d'une Cité de la culture et des arts, n'est en fin de compte qu'une ville dépourvue d'espaces consacrant la connaissance et le savoir. En la matière, elle serait, selon une source crédible en queue du peloton, à deux petites longueurs de la lanterne rouge, une wilaya du Sud. Les quelques salles de lecture, héritées de la période coloniale et dont la gestion a été confiée, depuis l'indépendance, aux soins des services communaux, avec des préposés, manquant de formation documentaliste et archivistique ont, depuis, dépéri jusqu'à extinction intégrale. Leur fond documentaire n'étant pas ou, rarement renouvelé, ajouté le fait que la restauration des ouvrages existants était une opération qui n'était pas dans l'air du temps, elles ont fini par fermer. Quant aux bibliothèques publiques, conçues selon les normes prescrites par l'UNESCO, c'est-à-dire en espace culturel multifonctionnel : salle de lecture et rayonnage à accès libre, médiathèque, discothèque, salle de périodiques…elles n'existent tout simplement pas dans une ville dont la population avoisine le million d'habitants ; ceci à une période où le prix du livre, autrefois subventionné, a atteint une flambée inimaginable, provoquant, du coup, une désagrégation sans précédent d'une communauté de lecteurs et de lectrices, dont Constantine s'enorgueillissait dans les années 1970 et au début des années 1980. Le vide a été d'autant plus ressenti à l'orée de la décennie suivante quand le centre culturel français a fermé ses portes, suite à la situation sécuritaire, qui s'était alors sérieusement dégradée. La cessation d'activité de ce réceptacle de lettrés constantinois a brusquement mis à nu le déficit criant en infrastructures documentaires dans la capitale de l'Est, et l'on s'est rendu compte, après cela, que l'organisme français, quoi que l'on en dise, était l'arbre qui cachait la forêt. Cette année, les choses semblent bouger dans ce domaine, et l'on a pris acte de l'inscription de dix bibliothèques à travers le périmètre de la wilaya, trois d'entre elles sont d'envergure urbaine, et devant être implantées à Constantine, Khroub et Hamma Bouziane. Les autres communes de la wilaya, comme Ibn Ziad, Didouche Mourad, Beni H'midane… vont bénéficier, quant à elles, de bibliothèques semi-urbaines entant dans le cadre d'un programme commun, élaboré entre le ministère de l'intérieur et celui de la culture, selon le directeur de la culture de la wilaya, M. Nettour.