Depuis le 1er octobre, tous les centres d'enfûtage réalisés par les opérateurs privés deviennent de simples sous-traitants de la Société nationale de distribution et de commercialisation des produits pétroliers (Naftal). Naftal retrouve de nouveau une position monopolistique sur ce marché après avoir toléré durant trois ans la présence de concurrents. Les emplisseurs au nombre de 14 ont vu la direction des produits pétroliers (DPP), démembrement du ministère de l'Energie et des Mines, leur soumettre le renouvellement des conventions avec de nouvelles conditions dont les plus importantes sont celles d'utiliser exclusivement le parc de bouteilles de gaz butane Naftal ainsi que la limitation de la rotation annuelle de l'unité à 10. La limitation de la rotation a une conséquence directe sur l'approvisionnement des centres d'enfûtage privés en gaz. Deux opérateurs refusent de signer les nouvelles exigences. L'un d'eux, emplisseur alimentant la région de Aïn Témouchent, rejette ladite convention parce qu'elle remet en question la rentabilité de son entreprise et hypothèque les investissements prévus. Cet opérateur dit disposer d'un parc de 60 000 bouteilles et les études faites par la direction des mines de sa wilaya d'implantation ont donné une moyenne de rotation de 46. Pour cet emplisseur qui a déjà engagé 34 milliards de centimes en investissements, « le passage de 46 à 10 rotations et l'immobilisation de mes bouteilles signifient la mort de mon projet ». « Ce sont des conditions qui remettent en cause la stratégie de développement de l'entreprise » a-t-il tenu à expliquer lors d'une visite à notre rédaction. Laquelle stratégie prévoit, d'après son propriétaire, l'acquisition d'un million de bouteilles sur les cinq à venir pour s'adjuger 80% de part de marché sur l'ouest du pays. Tout en dénonçant le fait que ce soit une administration publique, la DPP en l'occurrence, qui ait démarché à la place de Naftal, notre interlocuteur affirme que « le ministre n'est pas au courant de ce qui se passe ». Il ira jusqu'à soutenir que de fausses informations lui sont transmises. « On lui dit que tout le monde est d'accord, alors que ce n'est pas le cas », dira-t-il. Naftal de son côté, faut-il le rappeler, avait à maintes reprises indiqué que les emplisseurs privés ne respectaient pas les cahiers des charges initiaux. Parmi les plus importants points, celui relatif à la constitution d'un parc bouteilles. Nous avons appris auprès de sources sûres que les opérateurs qui se sont empressés de signer la nouvelle convention l'ont fait parce qu'en réalité ils n'ont jamais possédé de parc bouteilles. En d'autres termes, ce sont des emplisseurs qui n'avaient à aucun moment envisagé de consentir des investissements dans la bouteille, ajoute notre source. En définitive, ces opérateurs ont fait de la marge au détriment de Naftal qui, par obligation de service public, assume des pertes sur chaque bouteille de gaz butane commercialisée. Au passage, ces mauvais comportements ont pénalisé les bons investisseurs.