La salle des spectacles Douniazad de Maghnia a renoué, mercredi dans la soirée, avec la subtilité du jeu scénique, l'intelligence du texte, la beauté des costumes et l'interprétation professionnelle des comédiens et ce, malgré le statut d'amateur de la troupe l'Astuce, composée d'étudiants et dirigée de main de maître par le comédien et metteur en scène Ali Abdoun. La pièce, Lune de miel, adaptée de la nouvelle du Nobel de littérature Naguib Mahfoud, a su subjuguer, l'espace d'une heure, un public des grands jours. Et même si le prologue est une sorte de diversion (près d'un quart d'heure de tirades entre la mariée et son prince charmant dans la chambre nuptiale), le reste n'est que suspense, bouleversement et retournement de situation. Un travail créatif où il ne faut pas compter les actes, mais plutôt différents styles et genres théâtraux. On aura eu droit à la halqa, au classique, au vaudeville, au muet, bref, à plusieurs pièces en une seule. Avec cependant un thème dont le fil conducteur est incassable, grâce au grand jeu de comédiens qui se donnaient à cœur joie et sans complexe, malgré la complexité de certaines situations et la vulgarité pudique inévitable de certains passages (gestes et tirades sentimentales, robe de chambre…). « Mon objectif est de vulgariser les œuvres universelles et de les mettre à la portée du petit public. Cette adaptation est populaire, si j'ose dire. Pour ceux qui ont lu la nouvelle de Mahfoud, ils ne retrouveront que peu de similitude avec la pièce. C'est normal, un mariage égyptien n'est pas un mariage algérien. C'est d'ailleurs, je crois, tout cela qui fait que le public se retrouve et réagit positivement », souligne, heureux de l'accueil qui lui a été réservé par le public, Ali Abdoun dont la troupe est invitée en Allemagne et en France, après une première présentation dans ce pays.