Brahim Tazaghart, libraire-éditeur de son état, est déterminé avec l'aide de ses « acolytes » à animer une vie culturelle pour le moins maussade. Le libraire Mahindad, qui a pignon sur rue à Béjaïa-ville, organise ponctuellement des ventes dédicaces, la dernière en date avec Me Ali Yahia Abdenour pour son livre La dignité humaine, édité chez Inas. Un cycle de rencontres, entamé durant le Ramadhan, permettra aux Béjaouis de renouer progressivement avec la lecture, le théâtre, le cinéma et pourquoi pas de faire rencontrer auteurs, artistes et autres créateurs, chacun dans son domaine, avec leurs publics. Les premiers débats, « à bâtons rompus », avaient pour thème « Le livre amazigh ». Une problématique que des universitaires, dont Kamal Bouamara, ont décliné durant trois jours à travers ses volets : écriture, traduction et diffusion. Abdelhamid Ghermine, proviseur en retraite, a animé une discussion autour de son livre, Qui se souvient de la guerre ?, édité à compte d'auteur. Le lendemain, Djamal Arezki, inspecteur de langue française, a abordé, pour sa part, un autre thème de discussion « Relire Taous Amrouche ». Le cinéma n'est pas en reste dans « le croisé du livre », sommes-nous tentés de dire, puisque la librairie s'est transformée, le temps d'une soirée, en salle de projection. Il s'agit d'un entretien avec Kateb Yacine. Il a été suivi d'une discussion animée par Mohand Ameziane Ben Cheikh, membre de la troupe Debza. Le prolifique « biographe » du colonel Amirouche, Djoudi Attoumi, un officier de l'ALN, a mené la discussion autour d'un thème, qui fait présentement débat, celui de l'écriture de l'histoire. Et pour la soirée en question, le sujet a porté sur « L'écriture de l'histoire de la révolution algérienne ». Une fois n'est pas coutume, le « petit cercle » a voulu rendre hommage à un journaliste, de son vivant s'entend. C'est ainsi que vendredi dernier, Mourad Slimani, qui officie au bureau d'El Watan à Béjaïa, a été convié pour être remercié dignement pour son prix international. La présence du directeur de cabinet du wali, Kamel Touchane, a incontestablement donné un caché solennel à la cérémonie. Pour rappel, le jury international Euromed Héritage 2007 a décerné, en mars dernier, à notre confrère, la Mention Spéciale pour son article, « Le fort Gouraya réclame justice », paru dans El Watan du 13 août 2006. Les journalistes en compétition viennent des pays du pourtour méditerranéen. Les « discussions à bâtons rompus » se poursuivront après l'Aïd El Fitr, en principe tous les jeudis. Et le premier à s'y coller, c'est Omar Fetmouche, le directeur du Théâtre régional de Béjaïa, qui parlera du texte et de la représentation théâtrale. Par ailleurs, l'écrivain et directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui, et notre brillant chroniqueur, Chawki Amari, ont d'ores et déjà donné leur accord pour prendre part au « croisé du livre ». L'écrivain n'a-t-il pas besoin du libraire pour vivre, et vice-versa ? Pour une fois qu'on peut avoir les deux réunis, on ne va tout de même pas s'en priver. A fortiori, quand le libraire est éditeur.