Situé en plein cœur de la ville, à deux pas du siège de la Mouhafadah d'Oran, le boulevard Charlemagne, qui faisait jadis la fierté des oranais, s'est malheureusement transformé par la force des choses en un véritable coupe-gorge. Le citoyen oranais, en homme averti, emprunte tout un détour pour éviter ce boulevard, notamment le soir. Les victimes sont en grande majorité des personnes de passage à Oran. Les habitants de la ville connaissent parfaitement les lieux et évitent de s'y aventurer, car personne à Oran ne peut prétendre ignorer que cette rue est devenue un lieu de délinquance. Des jeunes et moins jeunes femmes racolent de jour comme de nuit au vu et au su de tout un chacun. Tout le monde sait aussi qu'il y existe des hôtels qui travaillent avec des prostituées. « Nous avons, nous autres habitants de ce quartier, souligné le danger à maintes reprises dans des requêtes adressées aux autorités locales, sans jamais avoir de réponse et sans qu'aucune véritable opération d'assainissement ne soit menée », a commenté Belkheïr, l'un des plus anciens parmi les habitants dudit boulevard, avant de renchérir : « j'envisage de m'installer ailleurs avec ma famille, comme l'ont fait nombre de mes voisins qui ont cédé leur appartement à un prix dérisoire ». Prix dérisoire Les mêmes déclarations ont été formulées par un commerçant installé depuis plus de 35 ans dans le boulevard Charlemagne. « L'ambiance nocturne des lieux est généralement caractérisée par les bagarres opposant les clients, qui viennent s'approvisionner chez l'un des 6 ou 7 débits de boissons alcoolisées ou des deux bars-restaurants qui restent ouverts jusqu'à l'aube ou encore par les obscénités proférées par une prostituée à l'encontre d'un mauvais payeur. La situation se dégrade presque à vue d'œil. On devrait faire quelque chose ne serait-ce que pour les familles qui y demeurent et souffrent le calvaire au quotidien », a-t-il expliqué. Le gérant d'un café a souligné que même durant la période du mois sacré, le nombre des délinquants, habitués des lieux, n'a pas diminué. « J'ai même remarqué la présence de nouvelles recrues, dont l'âge n'excède certainement pas les quinze ans », a-t-il fait remarquer.